Le scénariste de BD belge Raoul Cauvin est décédé à l'âge de 82 ans

Il avait vendu plus de 50 millions d'albums dans le monde, donnant naissance à des classiques comme les Tuniques bleues, Cédric, l'Agent 212 ou encore les Pierres tombales.

"La mort, je sais qu'elle me rattrapera, tôt ou tard", disait Raoul Cauvin à nos confrères belges de Notélé, en parlant de sa BD les Pierres tombales. Elle l'a finalement emporté. Le scénariste de bande-dessinées est décédé ce jeudi à l'âge de 82 ans. Il laisse derrière lui un héritage qui a profondément inspiré des générations de dessinateurs et de scénaristes qui l'ont précédé. 

Le succès des Tuniques bleues

Raoul Cauvin avait bâti sa notoriété sur le succès de la série Les Tuniques bleues, qui s'est écoulée à des millions d'exemplaires en un demi-siècle. La série raconte avec humour les aventures de deux soldats américains, un militariste convaincu et un autre engagé malgré lui, qui combattent les "Sudistes" pendant la Guerre de Sécession (1861-1865). Avec plus de 15 millions d'albums vendus en français, ces Laurel et Hardy de la BD ont fait découvrir le conflit à bon nombre d'Européens.

Il y a quelques semaines, le défunt dessinateur s'entretenait avec la chaîne belge Notélé et revenait sur son long parcours. Il y explique avoir toujours gardé ses racines à Antoing, près de la frontière française, à 30 kilomètres de Valenciennes : "là où on est né, on n'oublie jamais". Avec son humour et sa répartie légendaires, il raconte avoir été enfant de choeur, "une bonne excuse" selon lui pour rater les cours. Il n'a d'ailleurs jamais été un élève modèle : "il ne fallait pas attendre de moi un 95%".  

Raoul Cauvin a aussi suivi des études de lithographie publicitaire à l'Institut Saint-Luc de Tournai, une des écoles d'arts les plus réputées de Belgique, avant d'entrer chez Dupuis où il a appris sur le tas. "Charles Dupuis, je lui dois tout", affirmait-il, en rappelant qu'il lui a donné une chance de se lancer dans le scénario de bandes dessinées. 

Charles Dupuis, je lui dois tout.

Raoul Cauvin

Une carrière bien remplie

En 1968, il signe son premier album, Les Naufragés, avec Claire Bretécher, une dessinatrice de talent et "une belle femme" à ses yeux.  Il évoque également sa rencontre avec Philippe Bercovici, qu'il va prendre sous son aile, mais aussi la création de Les femmes en blancs, une histoire née lors d'un séjour à l'hôpital. "J'avais attrapé des pierres aux reins et j'avais passé une dizaine de jours aux urgences".

Posé à côté du local des infirmières, il entendait tout, "comment elles vivaient, comment elles parlaient, ce qui se passait. Je me suis dit, là, il faut que j'en parle". Avec humour, il revient sur leur quotidien, au point de recevoir des courriers des premières concernées qui lui demandent d'où il a tiré toutes ces informations si précises. 

Entre 1990 et 2009, Cauvin signe avec le dessinateur Malik 21 albums de Cupidon, figure empruntée à la mythologie romaine, décochant ses flèches d'amour à tort et à travers. Des Pierre tombales, qui lui ont valu des critiques de tous les côtés, à Spirou en passant par Cédric qui a transcendé des générations d'enfants, sa carrière a été bien remplie.

Un passionné qui ne s'arrêtait pas

Pas de vacances, des scénarios écrits 7 jours sur 7, Raoul Cauvin était un passionné qui ne s'arrêtait jamais, au point de risquer de perdre son mariage. "Ma femme m'a un jour dit, si on ne va pas en vacances, je divorce, se rappelait-il en riant. C'est vrai que j'ai raté beaucoup parce que c'était des vacances extraordinaires, j'aurais dû y aller avant, mais c'est vrai que si elle n'avait pas été là, je serais mort sous la scène."

J'ai eu de la chance d'avoir un public qui m'appréciait.

Raoul Cauvin

Le secret de sa longévité ? Il n'en a pas. "J'ai eu de la chance d'avoir un public qui m'appréciait. C'est un peu comme un comédien, comme un chanteur, c'est que si vous avez de la chance que le public vous accepte, vous avez tout gagné". Et ce succès ne lui est pas monté à la tête, loin de là. Il a toujours préféré rester humble et rester fidèle à cette image de scénariste populaire. Même les récompenses de professionnels ne l'ont pas fait flancher. "C'est un circuit fermé. Les gens, ce qu'ils veulent, c'est une série qui les amuse, c'est tout. Les prix ne les intéressent pas", constatait-il. 

Atteint d'un cancer incurable

Début mai 2021, quelques jours après la sortie du dernier Tuniques bleues, Cauvin avait annoncé être atteint d'un cancer incurable, dans un message sur Le blog à Raoul, son site personnel hébergé sur spirou.com. "L'oncologue est formel. Encore quelques mois à vivre avant d'aller, là-haut, rejoindre tous ceux qui m'ont précédé. Fallait bien que ça m'arrive aussi un jour", écrivait-il.

"Raoul Cauvin est devenu une véritable statue de Commandeur des scénaristes. Populaire, irrésistiblement drôle, inattendu (...), il a durablement codifié la mécanique du gag et les canons de l'aventure humoristique, séduisant plusieurs générations de lecteurs et vendant plus de 50 millions d'albums", concluait Dupuis vendredi.

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