De Hondeghem à Hondschoote, de Clerques à Magnicourt-sur-Canche, les églises resteront fermées après les dégâts occasionnés par ces tempêtes. Un traumatisme pour les habitants et une lourde charge pour les maires.
Trois tempêtes successives en moins d'une semaine, de mémoire de paroissiens, on n'avait jamais vu ça !
En Flandre maritime, la seconde, la tempête Eunice a laissé l'église de Hondeghem bien abîmée : le paratonnerre et la croix tout en haut de l'édifice se sont brisés, emportant avec eux le coq et un bout de la flèche.
Les vitraux se sont mis à trembler, à se déformer sous la force du vent jusqu'à exploser !
Jean-Luc Cappaert, adjoint au maire de Hondeghem
Un coq-girouette qui s'est retrouvé la tête pendante le long du clocher. "Le vent a soufflé à plus de 130 km/h, les vitraux se sont mis à trembler, à se déformer sous la force du vent jusqu'à exploser "raconte Jean-Luc Cappaert, adjoint au maire en charge des travaux de la commune.
"Nous avons, dès le vendredi 18 février, fermé en urgence l'édifice et contacté les pompiers alpinistes d'Hazebrouck pour inspecter le clocher de peur qu'il ne tombe à son tour". Rapidement l'unité GRIMP, le Groupe de Reconnaissance et d'Intervention en Milieu Périlleux, est intervenue pour vérifier l'état du bâtiment.
Aujourd'hui, les offices se tiennent à Caestre et le coq attend d'être remis la tête en haut et de pouvoir redonner la direction du vent. "Ce mercredi, sous réserve de bonnes conditions météorologiques, nous aurons une grue équipée d'une nacelle qui va monter à plus de 55 mètres de haut pour détacher le tout. Ce paratonnerre et cette girouette font à eux deux plus de 4 mètres de long et près de 200 kg !"
Un coq qui veille sur la commune depuis 60 ans et qui il avait résisté à la tempête de 1999."J'espère que les frais que nous allons engager n'impacteront pas trop notre budget communal il ne nous reste plus qu'à faire confiance aux assurances" ajoute tristement Jean-Luc Cappaert.
Même tristesse à Hondschoote, quelques kilomètres plus loin.
Ici, le coq de l'église a tenu bon mais c'est l'un des 4 clochetons, construit comme des tourelles autour de la flèche centrale, qui est tombé en traversant la toiture. Une chute qui a fait exploser les tuiles, la charpente puis le plafond. De nombreux dégâts constatés par Hervé Saison le maire qui a rapidement fait venir un charpentier, un couvreur et un tailleur de pierre sur les lieux.
Comment je vais financer tout cela...
Hervé Saison, maire de Hondschoote
"Le trou occasionné par le percement de la toiture fait plus d'un mètre de diamètre. La charpente a été fortement fragilisée, des fissures apparaissent dans tout le bâtiment, j'ai donc décidé de fermer l'église pour une durée indéterminée. Nous avons sécurisé les abords du bâtiment et mis hors d'eau l'intérieur de l'église. Nous sommes dans l'attente d'une expertise par l'architecte en chef des Monuments Historiques."
Installée sur la Grand Place à la fin du XIVe siècle, l’église domine toute la plaine flamande. Construite en 1513, sa tour en briques blanches de 40 mètres de haut, est surnommée "Witte torre" ou "tour blanche". Avec sa flèche, elle culminait à 82 mètres de haut.
"Nous n'avons pas été reconnus en état de catastrophe naturelle" soupire Hervé Saison "conséquences tout sera plus long, plus compliqué. Je ne sais pas comment je vais financer tout cela. Mon prédécesseur avait déjà engagé plusieurs tranches de travaux de restauration depuis les années 80, tout comme moi depuis mon élection."
Aujourd'hui l'église est toujours fermée, aucun office religieux. Les enterrements sont déplacés dans le village voisin de Killem en attendant les expertises. En avril prochain deux concerts de Laurent Voulzy devaient se tenir dans la vieille bâtisse "je sais que 2 fois 700 places ont été vendues mais j'ai déjà prévenu les organisateurs, je ne vois pas comment nous pourrions accueillir du public ici dans quelques semaines" se désole le maire.
Ils nous ont dit que le toit de l’Eglise s’était tout bonnement envolé
Françoise Descamps, sacristine de l'église de ClerquesMême désolation et même émotion à Clerques, dans le Pas-de-Calais.
300 habitants qui restent sous le choc. Le toit de l’église Saint-Barthélémy a été soufflé par la tempête Eunice.
Ce sont les gérants du café-restaurant situé sur la place du village qui ont été les premiers à donner l'alerte raconte Françoise Descamps, la sacristine. "Ils nous ont dit que le toit de l’Eglise s’était tout bonnement envolé", raconte-t-elle. Une église datant du XIIème siècle où seul le clocher reste debout"
En attendant les expertises qui là aussi peuvent prendre beaucoup de temps, Aurélien Dommanget, le maire, a pris un arrêté municipal pour interdire de s’approcher de l’église et de pénétrer dans le cimetière où plusieurs tombes ont été endommagées. Lui aussi espère le classement en catastrophe naturelle pour bénéficier d'une prise en charge rapide des travaux.
Une demande de reconnaissance communale d'état de catastrophe naturelle transmise à la préfecture, qui saisit alors divers services compétents pour apprécier " l'intensité et le caractère exceptionnel " du phénomène ayant provoqué les dommages. Au terme de cette procédure, la reconnaissance d'une commune en état de catastrophe naturelle donne lieu à publication d'un arrêté interministériel au Journal officiel.
La force des rafales a eu raison de notre clocher qui avait pourtant été refait il y a 30 ans !
Marc Degrendele, maire de Magnicourt-sur-Canche
Plus de clocher à Magnicourt-sur-Canche, dans ce petit village de 120 habitants, situé entre Avesnes-le-Comte et Frévent. Ici aussi, de nombreux dégâts liés au passage de la tempête Eunice. Le clocher, dans sa chute, a emporté avec lui une petite partie de la toiture.
"Il avait été refait il y a trente ans mais c’est la force des rafales qui a eu raison de lui" souligne le maire, Marc Degrendele. "Il y a eu des tempêtes l’année dernière et il n’a jamais bougé." Comme son homologue de Hondschoote, il sollicite lui aussi la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, "ce qui permettrait plus rapidement l’indemnisation des victimes et la prise en charge des réparations de l’église"
En France, les églises appartiennent aux communes qui doivent assumer la restauration du bâtiment et de ses œuvres. La paroisse de son côté assurera seulement le petit entretien, l'ouverture, le nettoyage de l'édifice. Dans le cas d’églises classées monuments historiques, la direction régionale des affaires culturelles, la DRAC, doit donner son accord pour tous les travaux dans le bâtiment, ainsi que l’architecte en chef des monuments historiques.
Le ministre de l'Intérieur a annoncé sur Twitter que l'état de catastrophe naturelle serait décrété "partout où cela s'avérera nécessaire". Mais pour l'instant, il n'en ai plus question.