Lille : un "gilet jaune" jugé pour avoir filmé les fesses d'une policière

Le tribunal correctionnel de Lille rendra son jugement le 5 mars, le parquet a requis quatre mois de prison avec sursis. Le prévenu, poursuivi notamment pour "atteinte à l'intimité de la vie privée", avait retransmis en direct sur Facebook un gros plan des fesses d'une policière.

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Un "gilet jaune" de 52 ans comparaissait devant le tribunal de Lille pour outrage à agent. L'homme aurait filmé en direct les fesses d'une policière en tenue, le 22 janvier. Le parquet a requis quatre mois de prison avec sursis ce vendredi 15 mars.

Ce père de cinq enfants, intérimaire touchant le Smic, était allé devant le commissariat de Lille avec d'autres personnes pour soutenir des "gilets jaunes" en garde à vue, fin janvier. Il filmait le rassemblement en direct sur Facebook lorsqu'une policière est sortie pour parler avec eux.

 

"Nique la police"


Sur la vidéo de 12 minutes diffusée en direct sur la page du mouvement, on entend une autre personne dire "salope", "salope de blonde", a rappelé la présidente. Puis le prévenu, avec quatre mentions au casier judiciaire remontant aux années 2000, lance : "nique la police" en dirigeant le cadre du téléphone portable vers les fesses de la policière.
 
"Ces propos ne sont lui pas adressés directement (...) Ce sont des propos généraux sur la police", a fait valoir son avocate, Me Muriel Ruef, plaidant la relaxe sur les deux infractions, réfutant le caractère sexuel de la vidéo. "Ce n'est pas un gros plan".

Le parquet a requis quatre mois de prison avec sursis pour "atteinte à l'intimité de la vie privée pour la transmission de l'image d'un personne représentant un caractère sexuel" et "outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique". L'avocat de la policière, absente à l'audience, avait demandé 1 000 euros pour le "préjudice" subi.

 

"J'ai une deuxième famille, c'est les gilets jaunes"


Le député La France insoumise Ugo Bernalicis, venu assister à l'audience, a jugé ces réquisitions "extravagantes". Pour lui, c'est "bien sûr" politique. "La procureure applique la circulaire de Mme Belloubet qui vise à casser le mouvement", a-t-il dit. "J'ai simplement affaire à un prévenu, pour moi ce n'est rien d'autre", avait déclaré en préambule la procureure.
 
Le prévenu, en jogging gris et veste kaki, a dit à la barre "regretter vraiment". "J'ai pas voulu faire du mal à cette policière", a-t-il déclaré, disant ne pas avoir eu l"intention" de filmer ses fesses.

Répondant par oui ou non, aux questions de la présidente, il a fondu en larmes lorsqu'elle lui a demandé s'il avait encore des liens avec ses parents et frères et soeurs. "Mes enfants et mon épouse, c'est la seule famille que j'ai, et maintenant j'en ai une deuxième, c'est les gilets jaunes", a-t-il-dit, provoquant les applaudissements de ses soutiens, certains portant un gilet fluo, dans la salle. Le tribunal correctionnel rendra son jugement le 5 avril.

 
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