Avec la loi Macron, l'obtention du permis de conduire se veut plus accessible. Le passage par une auto-école n'est plus obligatoire pour les cours de code, l'examen peut être organisé par des organismes privés agrées depuis le 13 juin. Un grand bouleversement qui inquiète moniteurs et inspecteurs.
Depuis le 13 juin, il est possible de passer l'examen du code de la route auprès de La Poste, ainsi que du groupe d'inspection et de certification SGS.
Les deux organismes ont obtenu l'agrément de l'État et pourront accueillir les 1,4 millions de candidats qui tentent chaque année d'obtenir cet examen.
Plus de 500 centres d'examen d'ici fin 2016
Cette externalisation s'inscrit dans le cadre de la réforme du permis de conduire engagée en juin 2014 dont la visée est d'en réduire les délais.
Sur son site, La Poste propose déjà 26 centres d'examen, dont un dans La Somme, à Amiens qui doit ouvrir à la fin du mois de juin. Le groupe s'est fixé comme objectif l'ouverture de 300 centres d'examen à la fin de l'année.
SGS, qui ne dispose pour l'instant d'aucun centre en Picardie, vise les 350 à 400 centres d'ici fin 2016.
Cette externalisation s'accompagne d'une redevance de 30 euros, que les candidats devront payer lors de leur inscription via leur auto-école ou en ligne.
L'inquiètude des moniteurs et inspecteurs
"C'est la mort d'une grosse partie de notre métier. On nous a demandé des diplômes importants, des infrastructures importantes. Et aujourd'hui, on nous dit qu'on n'a plus besoin de nous, seulement d'un bureau et d'heures de conduite. Une petite voiture va suffire", déplore Stéphane Olivier, moniteur.
Pour Bayar Bahar, propriétaire d'auto-école, les candidats pourront passer le code " 20 fois, 30 fois. En réalité, ils l'auront à l'usure. On va se retrouver avec des jeunes sans aucune connaissance du code de la route, tout simplement parce qu'ils auront appris des cassettes par coeur."
Les inspecteurs perdent également une de leurs missions, l'organisation des sessions d'examen. "Ca paraît compliqué pour l'Etat de maintenir les personnels en l'état en terme de nombre, et cela nous inquiète. Nous espèrons être réorientés vers des missions de contrôle", détaille Philippe Destarkeet, inspecteur et délégué syndical régional FO.
Le gouvernement se veut rassurant : les inspecteurs devraient être redéployés sur les examens pratiques, et faire ainsi faire baisser les délais d'attente pour les candidats.
La loi Macron est mal perçue par les professionnels de la route. Inspecteurs et moniteurs auto-école craignent pour leur avenir avec la privatisation des examens de code.
Intervenants : Stéphane Olivier , Auto-école, Bahar Bayar , Auto-école, Philippe Destarkeet
Inspecteur
Délégué syndical régional SNICA FO.
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