Après "2 Days in Paris", "2 Days in New York" et "Le Skylab", Julie Delpy livre avec "Lolo" une nouvelle comédie fantasque sur la famille, en salles mercredi, dans laquelle elle se met en scène aux côtés de Dany Boon. (Bande annonce)
Le film raconte l'histoire de Violette (Julie Delpy), quadragénaire parisienne débordée, directrice artistique dans la mode et célibataire depuis longtemps. En thalasso à Biarritz avec sa meilleure amie (Karin Viard), elle rencontre Jean-René (Dany Boon), un informaticien provincial très loin de son monde.
De fil en aiguille, leur histoire se poursuit et il la rejoint à Paris, où il tente de s'adapter à son univers. Mais il se retrouve face à Lolo (Vincent Lacoste),
le fils de 19 ans de Violette, enfant chéri mais qui se révèle prêt à tout pour détruire le couple.
"Le film est né de discussions sur le fait d'être mère, d'être une femme de 45 ans, de refaire sa vie, et de l'idée d'un enfant particulier", a raconté
la cinéaste de 45 ans, elle-même mère d'un enfant de six ans, qui signe son sixième long métrage. "Mais ça n'a rien d'autobiographique du tout", a-t-elle précisé. "J'aime bien la famille, étudier les microcosmes, parce que je pense que ça rejoint l'universel".
Plus grand public que les précédents films de Julie Delpy, "Lolo" explore la famille monoparentale et le remariage, après la chronique d'un couple franco-américain dans "2 Days in Paris" et "2 Days in New York" et celle d'une famille élargie dans "Le Skylab".
'De l'affection pour la femme névrosée' -
Aux côtés de Vincent Lacoste, flegmatique et cynique à souhait, et d'une Karin Viard haute en couleurs, qu'elle avait tous les deux déjà dirigés dans le "Skylab", Julie Delpy se retrouve dans son rôle habituel de fille névrosée à la logorrhée et aux questionnements incessants, et Dany Boon dans unemploi classique de gentil naïf.
"J'ai une affection pour la femme névrosée", lance la cinéaste, qui estime que "tout le monde est névrosé" dans le film, "sauf le fils qui est sociopathe".
Comme dans "2 Days in Paris" et "2 Days in New York", le film joue sur les différences culturelles et les situations comiques qu'elles génèrent. Le tout est soutenu par de nombeux rebondissements et des dialogues au verbe cru et spontané.
Sans doute moins inspirée dans le versant romantique, et peinant parfois à conserver le rythme enlevé du début du film, Julie Delpy fait mouche dans sa chronique grinçante d'une famille recomposée improbable et son portrait d'une femme angoissée, en proie à des affres existentiels à la Woody Allen, comme elle les affectionne. "Woody Allen, c'est quelqu'un que j'admire beaucoup. Mais j'essaie de ne penser à personne quand je fais mes films. Je pense à mon propre humour, ma propre façon de penser", indique-t-elle, même si elle reconnaît que "son humour est bien sûr plus proche de Woody Allen que de Tati par exemple".
L'actrice et réalisatrice, qui vit entre la France et les Etats-Unis, se sent aujourd'hui "autant dans un univers indépendant américain que dans l'univers français". Celle qui a tourné avec Leos Carax, Jean-Luc Godard et Krysztof Kieslowski mais aussi Richard Linklater, alternant films américains indépendants et rôles dans ses propres longs métrages, estime que jouer dans ses films est "un peu devenu sa marque de fabrique".
"Les actrices n'aiment pas être laides", explique-t-elle. "Moi j'adore m'amuser de moi-même, je ne suis pas quelqu'un qui me prend au sérieux. Je m'en fous".