En France, les détenus ont la possibilité de passer un diplôme en prison. Ainsi, dans les Hauts-de-France, l'Education Nationale en partenariat avec les services pénitentiaires, dispensent un enseignement qui méne à des diplômes : CAP, Bac pro ou diplôme de langue française.
Préparer et passer un diplôme, c'est possible dans toutes les prisons françaises. Comme à Longuenesse, près de Saint-Omer (Pas-de-Calais), dont le centre pénitentiaire compte près de 750 détenus.
Parmi eux, plus de 200 détenus étrangers de 38 nationalités différentes, qui ont souvent besoin d'apprendre la langue française. D'autres doivent se perfectionner ou souhaitent obtenir un diplôme ce qui favorisera leur réinsertion.
Certains n'ayant connu qu'une scolarité chaotique ou peu valorisante, ici, l'accompagnement est individualisé. Les enseignants sont rémunérés par l'Education Nationale et l'Administration pénitentaire met à disposition les conditions d'apprentissage.
L'école en prison
Dans les Hauts-de-France, 55 enseignants assurent des cours de différents niveaux. À Longuenesse, c'est Laurent Lescoutre qui est le responsable local de cet enseignement. Sa classe est attachée au lycée Edmond-Michelet et sa composition change ..."Ce sont souvent des personnes qui ont été exclues du système scolaire. À nous de leur redonner envie d'apprendre, leur donner un niveau pour une réinsertion dans la société, une formation qui leur servira en sortant de prison" explique cet enseignant. À Longuenesse, on compte cinq enseignants à temps complet et une dizaine d'intervenants pontuels.
"Ici, on va de l'apprentissage de la lecture aux études supérieures. Certains visent même le DAEU, Diplôme d'Accès aux Etudes Universitaires, l'équivalent du baccalauréat" rappelle laurent Lescoutre.
Ce diplôme d’accès aux études universitaires ouvre les mêmes droits, en seulement quatre épreuves.
Un diplôme pour quoi faire ?
Près de 200 détenus du centre pénitentiaire de Longuenesse sont scolarisés, dont des mineurs. En partenariat avec l'Education Nationale et les Services pénitentaires, la Région finance les Certificats d'Aptitudes Professionnels : CAP peinture, cuisine, commerce, logistique ou électricité, selon les possibilités techniques des établissements pénitentiaires.Anne Caron, enseignante, constate un besoin grandissant d'apprendre la langue de Moliére : "Dans le carcéral, beaucoup de choses passent par l'écrit, quand on est démuni, qu'on ne connaît pas la langue, ne sait pas l'écrire, c'est compliqué de demander des choses".
"Lorsque j'étudie je me sens libre, ça aide. Pour mon avenir aussi : sortir moins bête que je ne suis rentré, avoir les armes pour essayer de me réinsérer" confie un détenu de Longuenesse, candidat au DAEU.
La Fondation M6 et l’Education Nationale lancent pour la 3ème année consécutive le concours d’écriture « Au-delà des lignes » en partenariat avec l’Administration Pénitentiaire. pic.twitter.com/yHyBT7fHSj
— Droit pénal (@Dr_penal) 4 avril 2018
Le succès de ces enseignements et la demande augmente. Cette année 200 personnes ont obtenu leur Diplôme Initiale de Langue Française, 400 autres un Certificat de Formation générale. Plus d'une centaine passeront leur CAP. Grâce au DAEU, l' enseignement supérieur à distance est accessible à plus d'une vingtaine de détenus.
"On n'arrive pas à répondre à la demande de formation" explique Frédéric Guerlain, proviseur en charge des enseignants intervenants dans le milieu carcéral des Hauts-de-France. "L'Education nationale ayant permis un assouplissement des régles d'inscription et des dates d'examen, les chiffres de réussite ont été multipliés par 3."
Des études rendues nécessaires pour préparer ces détenus à la sortie, éviter la récidive et tout simplement donner un sens à leur incarcération.