Le professeur de philosophie qui avait vivement critiqué le 6 février dans une tribune de Libération le lycée musulman Averroès de Lille a été condamné vendredi par le tribunal de police pour diffamation non-publique et injure publique, mais a promis de faire appel.
Soufiane Zitouni avait publié le 6 février une tribune dans Libération intitulée "Pourquoi j'ai démissionné du lycée Averroès", dans laquelle il accusait les responsables du premier établissement privé musulman sous contrat avec l'Etat de diffuser "de manière sournoise et pernicieuse une conception de l'islam qui n'est autre que l'islamisme".Moins d'une semaine après, la direction du lycée situé à Lille avait lancé une procédure judiciaire par citation directe, rédigée sur la base de propos similaires tenus par le professeur de philosophie dans un courriel adressé à plusieurs collègues. Vendredi, le tribunal a donné raison au lycée, estimant que M. Zitouni n'avait pas apporté "d'éléments et de preuves de nature à justifier ses critiques", a constaté un journaliste de l'AFP.
L'enseignant a été condamné à verser 10 euros pour diffamation non publique et 10 autres euros pour injure publique, à l'euro symbolique de dommages et intérêts que réclamait le lycée et à 500 euros pour les frais de procès. "Un homme ne peut pas calomnier sur la place publique plus de 600 personnes sans apporter la preuve de ce qu'il avance, alors qu'il y a un rapport de l'Education nationale qui vient de démentir point par point tout ce qu'il a avancé", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de l'association gérant le lycée, Me Hakim Chergui, se félicitant de la décision.
"Je vais faire appel"
A la suite de l'affaire, le rectorat avait rédigé en février un rapport d'inspection, dans lequel il estimait que le lycée respectait "globalement" les termes de son contrat avec l'Etat. Il pointait toutefois une confusion entre l'enseignement d'éthique musulmane et la philosophie. M. Zitouni, de son côté, a déclaré à la presse trouver "complètement injuste qu'on (le) juge coupable pour avoir dénoncé des choses graves". "Je vais faire appel, prendre un avocat et il y aura un vrai procès avec des preuves tangibles".A l'audience du 29 mai, le professeur avait dénoncé notamment les "réactions épidermiques" des élèves à la théorie de l'évolution de Darwin, les positions pro-Hamas de certains professeurs ou encore la prescription du port du voile comme "obligation religieuse" par un imam lors du prêche du vendredi. Il y a une semaine, il avait confié à l'AFP avoir retrouvé un poste à la rentrée dans un lycée catholique sous contrat avec l'Etat à Valenciennes
(Nord), grâce à l'intervention de la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem.