Lors d'une visite mouvementée mercredi sur le site de Whirlpool à Amiens, Emmanuel Macron a été interpellé sur son "absence de solidarité" envers les salariés par le journaliste-documentariste et candidat aux législatives François Ruffin, qui a néanmoins salué "son courage d'être venu".
"Je salue votre courage d'être venu malgré tout au milieu de la mêlée, et c'était pas gagné", a d'abord lancé François Ruffin, réalisateur du documentaire césarisé "Merci patron" et candidat aux législatives dans la 1ère circonscription de la Somme."L'ambiance que vous avez ici, vous payez le prix de ne pas voir pris de position publique, votre absence de solidarité avec les salariés", lui a reproché M. Ruffin, un des initiateurs du mouvement Nuit Debout.
Début avril, lors de l'Emission politique sur France 2 dont M. Macron était l'invité, il avait déjà reproché au candidat d'En Marche! son "silence" concernant l'usine Whirlpool d'Amiens que le géant de l'électroménager compte fermer en juin 2018 pour délocaliser la production de sèche-linge en Pologne.
"Mon silence n'est pas une indifférence, mon silence est un refus de manipuler des situations", avait répondu M. Macron, natif d'Amiens comme son interlocuteur, s'engageant à rendre visite aux salariés "sans les caméras". Le candidat d'En Marche! avait ensuite promis, le 18 avril, de leur rendre visite "entre les deux tours".
Sur place, mercredi, M. Ruffin s'est dit en désaccord avec M. Macron, qui avait qualifié Whirlpool "d'entreprise délinquante". "Whirlpool, ce n'est pas une entreprise délinquante, c'est le fonctionnement ordinaire de l'économie de rechercher du coût du travail moins cher", a lancé celui qui avait remis son César aux ouvriers de cette usine.
"Vous êtes ici au milieu des vaincus de la mondialisation (...) La mondialisation ne peut pas être ressentie positivement", a insisté M. Rufin, évoquant aussi le récent soutien au candidat d'En Marche! du PDG de LVMH Bernard Arnault, qui a "délocalisé en Pologne puis en Bulgarie" et était épinglé dans son documentaire.
M. Macron lui a répondu "qu'interdire de verser des dividendes ou interdire à une entreprise de fermer un site, c'est quelque chose qui n'est pas possible. Il y a une liberté d'entreprendre, une liberté de propriété dans notre pays".
"Si je fais ça, demain plus personne ne viendra investir en France", a dit l'ex-ministre de l'Economie. Mais le candidat d'En Marche! a promis "une vraie politique de dénonciation" envers Whirlpool : "je vais leur mettre la pression" avec un "vrai rapport de forces".