Cinquante jours-amende à dix euros ont été requis jeudi à Boulogne-sur-mer à l'encontre du général en retraite Christian Piquemal, jugé pour avoir participé à une manifestation anti-migrants organisée par l'extrême droite à Calais le 6 février malgré l'interdiction des autorités.
Le jugement a été mis en délibéré au 26 mai..
Agé de 75 ans, l'ancien grand patron de la Légion étrangère de 1994 à 1999 était notamment poursuivi pour "organisation d'une manifestation interdite sur la voie publique". Le ministère public s'est dit "certain" que le général a été "l'organisateur de cette manifestation", invoquant pour preuve une vidéo diffusée lors de l'audience où on entend des manifestants crier "+Général! Général!+", faisant de l'homme de 75 ans un leader, selon le parquet.
Pour le procureur Jean-Pierre Valensi, M. Piquemal a pris "la tête de la manifestation" et sa prise de parole avec un mégaphone lors du rassemblement est "la concrétisation de ce rôle d'organisateur". "Ce n'est pas l'organisateur de droit, mais l'organisateur de fait. C'est un moyen bien connu des réseaux d'extrême droite : certaines personnes organisent la manifestation de droit en déposant une demande en préfecture, mais qui ne participent pas au rassemblement, et d'autres sont organisateurs de fait", a affirmé M. Valensi.
"Pas entendu les sommations"
"Je suis formel, j'ai participé à la manifestation, mais je n'étais pas l'organisateur. Je suis arrivé à Calais la veille avec l'objectif de me rendre compte de la situation sur place", s'est défendu M. Piquemal. Le général était également poursuivi pour "participation sans arme à un attroupement qui ne s'est pas dissout après sommations de se disperser". Mais il a répété à l'audience qu'il n'avait "pas entendu les deux premières sommations" et qu'il avait "cessé de manifester lors de la troisième". Cet argument est "un classique" des manifestants, a répondu M. Valensi.Dans ses réquisitions, celui-ci a cependant retenu "l'absence de débordements" lors de cette manifestation à l'appel du mouvement islamophobe Pegida et "le passé glorieux" du général.
M. Piquemal a également assuré qu'il "regrett(ait) les faits tels qu'ils (s'étaient) produits" car "ils n'ont pas apporté grand chose". Mais, "sur le fond, j'avais le droit de m'intéresser aux problèmes de Calais et d'exprimer mes idées, la liberté d'expression est un droit constitutionnel", a-t-il dit à la barre, dans son costume bleu marine et dans une salle comble.
Devant le tribunal, une dizaine de personnes se sont rassemblées dans le calme pour apporter son soutien à l'ancien militaire, dont David van Hemelryck, le meneur du collectif "Hollande démission".