Stéphanie Fauviaux, étudiante de 18 ans retrouvée morte en 1995 dans la baignoire de son appartement à Lille, était "une jeune fille bien" qui "aimait s'amuser", a affirmé sa colocataire, au deuxième jour du procès de Lylian Legrand, le gendarme accusé du meurtre de la jeune femme.
"Stéphanie était très sociable, une jeune fille avec de l'éducation, pleine de vie, qui faisait la fête", a déclaré à la barre Karine Dupont, colocataire de la victime et soeur de l'épouse de Lylian Legrand. Les deux filles s'apprêtaient toutefois à mettre un terme à leur colocation à cause de "chemins de vie différents".
Le matin du drame, elle se rappelle que "Steph", lui avait demandé "des conseils vestimentaires" en prévision de sa soirée avec son petit ami qu'elle fréquentait "depuis un an et demi". Selon elle, il est "certain" que la victime connaissait le futur meurtrier : "Elle n'aurait pas ouvert à n'importe qui en peignoir", le vêtement qu'elle portait lors de la découverte du crime, a assuré la jeune femme blonde, visiblement émue.
D'après elle, Stéphanie Fauviaux, "fumait du shit en soirée" et elle avait "pris de l'héroïne une fois". L'expertise toxicologique de la victime a révélé la présence de "morphine" et d'"héroïne" à dose "toxique" qui auraient été prises peu de temps avant le décès. Fumer avant d'aller à l'université ? "Pas propice" et c'est "salir la mémoire de Stéphanie", s'insurge sa mère.".
Ce n'était pas une fille "open" - le terme employé par l'accusé pour décrire la victime lors de l'une de ses auditions - elle était "séduisante", "souriante", "charmante", mais pas "dragueuse", a ajouté Mme Dupont, qui décrit une relation inexistante entre la victime et l'accusé. Ils ne faisaient "que se croiser". "C'était une gamine paisible, avec des amis stables. Elle aimait beaucoup la danse et elle jouait de l'orgue. C'était une très bonne élève qui avait beaucoup d'ambition", raconte de son côté la mère de la victime. "Elle a connu son petit ami en 1993,
à la fête d'un village, ça a tout de suite été le grand amour", ajoute-t-elle.
Ni marginale, ni dévergondée
Une autre expertise réalisée sur les cheveux de la victime conclut toutefois qu'elle n'était pas une "consommatrice habituelle" de produits stupéfiants. Stéphanie Fauviaux étudiante en première année de mathématiques appliquées et sciences sociales n'était ni "marginale", ni "dévergondée", affirme aussi l'enquête, peignant une étudiante "travailleuse", "réfléchie" et "engagée dans une relation stable et sérieuse"."Si tu savais à quel point je le regrette, maintenant tu sais d'où viennent mes insomnies..."
Après dix-sept ans d'enquête, l'ADN de Lylian Legrand est retrouvé sur le peignoir de la victime. Auditionné dans la foulée, il est mis en examen pour meurtre en 2012.Outre cet ADN, une autre charge intéresse les enquêteurs: une lettre écrite à sa femme lors de sa garde à vue. "Si tu savais à quel point je le regrette, maintenant tu sais d'où viennent mes insomnies..." "Il m'a remis l'enveloppe en me disant d'être courageuse et de dire à nos filles qu'il avait fait une grosse bêtise", relate à la barre Sandrine Legrand, l'épouse de l'accusé, avec qui elle a eu deux enfants. "Quand j'ai lu ce courrier, j'étais effondrée. La police venait de me dire qu'il avait avoué, cette lettre, c'était la continuité", a-t-elle déclaré.
Après avoir contesté lundi le meurtre et le viol de Stéphanie Fauviaux, Lylian Legrand a nié mardi sa présence le matin des faits dans l'appartement de la victime.