Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et son homologue britannique Theresa May signeront jeudi à Calais un nouvel accord portant sur la sécurité, la lutte contre les passeurs et l'aide humanitaire aux migrants, a annoncé mardi le ministère de l'Intérieur.
Bernard Cazeneuve se rendra ensuite dans la soirée à Berlin, pour un entretien avec son homologue allemand Thomas de Maizière portant "sur la question de la politique migratoire en Europe", qui sera suivi d'une déclaration commune. L'accord franco-britannique prévoit un volet "renforçant d'une part l'engagement commun pour la sécurité du site, la lutte conjointe et résolue contre les filières criminelles de passeurs, les trafics d'êtres humains et l'immigration clandestine", a indiqué le ministère dans un communiqué. Il comprendra d'autre part des mesures "renforçant le dispositif humanitaire développé sur place avec les associations et les élus locaux, en particulier pour la protection des personnes les plus vulnérables".
Début août déjà, le Royaume-Uni s'était engagé à renflouer de 10 millions d'euros le fonds créé en septembre 2014 pour sécuriser le port de Calais, et doté initialement de 15 millions d'euros sur trois ans. Les ministres visiteront le site d'Eurotunnel, où le dispositif de sécurité a été renforcé pour dissuader les migrants qui tentent de gagner la Grande-Bretagne. Selon Eurotunnel, le nombre de tentatives a baissé significativement au cours des dernières nuits, n'atteignant que 100 à 200 en moyenne, après un pic à 1.700 tentatives d'intrusion le 3 août.
Le volet berlinois de la visite est prévu alors que, selon le quotidien Handelsblatt, l'Allemagne s'apprêterait à réviser à la hausse, "jusqu'à 750.000", le nombre de demandeurs d'asile sur son sol en 2015, un chiffre record. Thomas de Maizière devrait s'exprimer sur ces prévisions remaniées mercredi. Lors d'une interview dimanche, la chancelière Angela Merkel avait estimé que la question des migrants allait occuper les Européens "bien plus que la Grèce et la stabilité de l'euro". L'Europe peine à trouver la réponse face à la hausse des arrivées de migrants sur ses côtes. En juillet, leur nombre a atteint le niveau record de 107.500, soit un triplement sur un an, selon des chiffres publiés mardi par l'agence européenne Frontex, chargée des frontières de l'espace Schengen. Les gouvernements européens se sont entendus le mois dernier pour réinstaller 22.504 réfugiés venus des camps syriens, mais les ministres de l'Intérieur ne sont pas parvenus à s'entendre sur la prise en charge de 40.000 demandeurs d'asile arrivés en Italie et en Grèce, pour aider ces deux pays dont les capacités d'accueil sont saturées.