Face à la difficulté d'aller en Angleterre, certains migrants demandent l'asile en France

De guerre lasse, à Calais, des migrants renoncent à l'Angleterre et demandent l'asile pour rester en France.

De nombreux migrants étaient postés ce vendredi matin sur le trottoir faisant face à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Offi) dans le centre de Calais, attendant leur tour pour demander l'asile.

Face à la difficulté de gagner l'Angleterre, certains ont fait le choix de rester en France. "L'Angleterre c'est bien, mais je suis fatigué" explique Sadam, un Soudanais de 24 ans coincé à Calais, qui a décidé de faire une demande d'asile en France.

Une décision par​ dépit plutôt qu'une réelle adhésion

Cette décision de rester en France est davantage prise par dépit par les migrants que par réelle adhésion. "C'est difficile de passer en Angleterre", explique d'une voix lasse Sadam, présent depuis trois mois en France, et parti pour rester. "Ici, j'espère apprendre le français" explique-t-il dans la "new jungle", le camp situé plusieurs kilomètres à l'est du centre de Calais, qui compte une bonne partie des 3 000 migrants bloqués dans le Calaisis.

"Je ne veux pas prendre de risque... il y a eu des morts au tunnel"

Djamal, jeune Afghan, explique "aimer les Français" et excuse avec philosophie le gouvernement français, qui doit composer avec "des limitations et ne peut pas donner de maison à tout le monde". Le facteur déterminant pour lui est cependant tout autre : "Quand j'ai vu qu'il y avait des blessés, des morts au tunnel (de neuf à 12 migrants, selon les sources, sont morts depuis le début de l'été, ndlr)... je ne veux pas prendre de risque", confie-t-il.

Six mois d'attente pour l'asile

Les délais semblent bien trop longs à certains migrants intéressés par les demandes d'asile. "Nous devons attendre six, sept mois, on nous dit qu'on nous donnera un logement mais en attendant, qu'est-ce qu'on peut faire?", désespère Djamal. Selon la Direction générale des étrangers en France (DGEF), contactée par l'AFP, à Calais les "délais sont plus réduits que pour le reste du territoire et il y a priorisation pour l'accès à l'hébergement", sans davantage de précisions.

Maya Konforti, de l'association L'Auberge des migrants, estime que cette accélération du traitement annoncée par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve n'a pas eu d'effet significatif. "Il y a deux mois, on a donné des papiers à 111 Erythréens en 24 heures. Mais c'était une autre annonce coup de poing, ils ont fait ça un samedi puis c'était terminé, et ça a fait des jaloux".

Philippe Wannesson, militant associatif depuis des années et auteur du blog "Passeurs d'hospitalité" dénonce la tendance à ce que la "new jungle" devienne "un bidonville servant de stockage aux demandeurs d'asile".
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