Le principal accusé de l'affaire d'Outreau, Thierry Delay, a été condamné vendredi à Toulouse à deux ans de prison avec maintien en détention pour harcèlement et agression sexuelle sur une résidente handicapée côtoyée dans un centre de santé de Haute-Garonne.
L'homme de 56 ans, qui a déjà purgé une peine de 15 ans d'emprisonnement pour le viol notamment de ses quatre enfants, a également écopé d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans avec une obligation de soins et l'interdiction d'entrer en contact avec la victime.
La procureure Justine Gay avait requis trois ans d'emprisonnement contre un "prédateur (...) qui, après des enfants en 2004, s'en prend désormais à des adultes vulnérables".
"Il faut l'accompagner dans ces pathologies, pour endiguer cette libido et je ne pense pas que l'enfermement de M. Delay soit la solution", a plaidé son avocat Me El Hadji Gueye lors de l'audience en correctionnelle à Toulouse.
"J'étais amoureux d'elle"
Les faits se sont produits entre 2017 et 2019 dans un centre pour des patients atteints de sclérose en plaques à Rieux-Volvestre où Thierry Delay avait été placé en 2016, année de sa libération.
"J'étais amoureux d'elle. Je lui touchais les jambes parce qu'elle avait la peau douce", articule difficilement M. Delay, en chaise roulante.
Il reconnaît également avoir touché les seins de la résidente, elle aussi en fauteuil et atteinte de sclérose en plaques, "mais c'était pas méchant", dit-il. La victime, Mme B., ne s'est pas constituée partie civile et n'était pas présente à l'audience.
"Pas très rassurant"
"La direction de l'établissement (de santé) et des résidents disent que vous aviez une emprise psychologique sur Mme B., que vous insistiez pour avoir des rapports sexuels avec elle et que vous lui parliez sans cesse des films pornographiques que vous visionniez", lance le président Romain Bonhomme au prévenu.
La voix pâteuse, M. Delay confirme, en avançant : "C'était à cause de mes problèmes de libido. Quand j'ai reçu une piqûre (destinée à restreindre ses pulsion sexuelles) en juin 2019, j'ai arrêté de l'embêter".
"Vous vous souvenez l'avoir insultée ?", lui demande M. Bonhomme. "Ah oui oui", répond le prévenu, qui purge par ailleurs une peine de six mois de prison pour détention d'images pédopornographiques, attestée en 2018 lors d'un séjour hospitalier.
M. Delay s'est dit "conscient" de sa pathologie et a fait savoir à la cour qu'il était demandeur d'accompagnement et de soin.
"Vous comprenez que ce n'est pas très rassurant d'avoir M. Delay dans son établissement de soins", a ironisé le président.
"Une bonne décision", pour la défense
L'avocat de la défense Me Gueye a estimé que la peine prononcée par la cour "est une bonne décision". "Vu ce qu'il risquait avec la récidive, 14 ans, il s'en sort très bien", s'est-il félicité auprès de l'AFP, soulignant la "nécessité" d'un suivi socio-judiciaire "peut-être plus efficace" que celui dont il a déjà bénéficié.
Thierry Delay avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Pas-de-Calais en 2004, pour des viols sur douze enfants, dont ses quatre fils. Son ex-femme Myriam Badoui avait elle aussi été reconnue coupable de ces faits et condamnée à 15 ans de prison.