Une juge d'instruction a ordonné le renvoi devant la cour d'assises de quatre skinheads impliqués dans la rixe qui avait coûté la vie à un militant antifasciste, Clément Méric, en 2013 à Paris, sans retenir l'intention de tuer.

Deux des mis en examen, le Picard Esteban Morillo, 24 ans, et Samuel Dufour, 23 ans, sont plus directement visés. La magistrate a ordonné qu'ils soient jugés pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, en réunion et avec usage ou menace d'une arme, des circonstances aggravantes, a précisé la source.
 
Les deux autres sont renvoyés aux assises pour des violences volontaires sur des camarades de Clément Méric présents lors de la bagarre, dans le quartier Saint-Lazare, le 5 juin 2013 en fin d'après-midi.
 

Esteban Morillo principal suspect dans l'affaire Clément Méric mis en examen

Esteban Morillo, un skinhead originaire de l'Aisne 

Esteban Morillo, le militant des JNR et meurtrier présumé de Clément Méric, a grandi à Neuilly-Saint-Front, dans l'Aisne. Il n'y était pas considéré comme un fauteur de troubles mais il arrivait au jeune skinhead de déambuler dans les rues avec des symboles nazis sur ses habits.


Lors d'une reconstitution en 2015, Esteban a reconnu avoir porté un premier coup de poing, à main nue, au visage de Clément Méric, parce qu'il se sentait menacé. Une fois la bagarre engagée, son second coup de poing a fait chuter l'étudiant de Sciences-Po, alors en rémission d'une leucémie.

Clément Méric, un, symbole

La mort de Clément Méric, 18 ans, devenu un symbole pour les "antifas" (antifascistes), avait causé une vive émotion et conduit le gouvernement à dissoudre le groupuscule Troisième Voie, dont étaient issus les skinheads, et son service d'ordre, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), que dirigeait Serge Ayoub, un vétéran de la mouvance.

"il n'est nullement établi (...) la preuve d'une intention homicide" 


Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Manuel Valls, avait évoqué un "assassinat", sur fond de craintes de résurgence des violences d'extrême droite. Mais les magistrats instructeurs ont écarté une intention de tuer. Dans l'ordonnance de mise en accusation, datée du 9 mars, la juge Isabelle Rich-Flament estime qu'"il n'est nullement établi (...) la preuve d'une intention homicide", selon une source proche du dossier.

Rencontre fortuite

"Bien au contraire, il est établi par les témoignages de part et d'autre qu'il s'agit d'une rixe, à l'occasion d'une rencontre fortuite de deux groupes rivaux" dans une vente privée de vêtements d'une marque prisée par les deux camps, ajoute-t-elle, selon la même source.


"Nous sommes satisfaits du fait que les circonstances aggravantes de la réunion et de l'usage d'une arme soient retenues. Cela nous paraît fidèle et conforme à ce qui s'est passé", a réagi l'avocate des proches de Clément Méric, Me Cosima Ouhioun.

"Nous allons faire appel devant la chambre de l'instruction. Esteban Morillo a toujours nié avoir utilisé un poing américain et des expertises et témoins ont corroboré ses dires", a déclaré son avocat, Me Antoine Maisonneuve. D'autres témoins ont néanmoins déclaré avoir vu cette arme. 
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