"Musulmans dansant après les attentats" : le ministre belge de l'Intérieur ne veut pas s'excuser

Le ministre belge de l'Intérieur, le nationaliste flamand Jan Jambon, était une nouvelle fois sous le feu des critiques lundi après avoir affirmé qu'"une partie significative de la communauté musulmane" avait célébré les attentats de Bruxelles "en dansant". Mais il maintient ses propos.

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"Je crois que tout le monde en ces temps difficiles a droit à ses petites erreurs, mais il faut éviter de polariser davantage", a déclaré lundi à l'égard de son collègue nationaliste le ministre de la Justice, le chrétien-démocrate flamand Koen Geens. "Une partie significative de la communauté musulmane a dansé à l'occasion des attentats", avait déclaré samedi dans le journal flamand De Standaard le plus haut représentant au sein du gouvernement de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), parti qui est un pilier de la coalition de droite au pouvoir depuis octobre 2014.

"Les terroristes, on peut les arrêter, les écarter de la société. Mais ils ne sont qu'une pustule. En dessous se trouve un cancer beaucoup plus difficile à traiter. Nous pouvons le faire, mais pas du jour au lendemain", assurait encore M. Jambon, qui revendique de dépasser "la pensée politiquement correcte" et d'"appeler un chat un chat". "Je n'ai pas fait de déclarations concernant des danses. J'ai fait des déclarations concernant des faits qui ont été communiqués lors du Conseil national de sécurité (...) Je ne généralise pas du tout, je n'ai jamais dit que ça impliquait toute la communauté musulmane", s'est défendu lundi le ministre, interrogé par la presse belge à son arrivée à une réunion du gouvernement.

"Dénigrant"

Plusieurs partis de l'opposition ont réclamé que Jan Jambon s'explique mercredi devant une commission parlementaire de l'Intérieur dont une réunion est prévue de longue date. "Des excuses de Jambon ? C'est un minimum. Il faut aussi une condamnation explicite de Charles Michel, sinon il cautionne", a lancé sur Twitter le député socialiste Ahmed Laaouej.

Le chef du gouvernement, le libéral francophone Charles Michel, qui a refusé les démissions de Jan Jambon et de Koen Geens deux jours après les attentats qui ont fait 32 morts et des centaines de blessés à Bruxelles le 22 mars, a une nouvelle fois volé au secours de son bouillant allié, dont le départ signifierait probablement la chute du gouvernement. "Je confirme qu'il y a eu des expressions de soutien aux auteurs des attentats", a assuré M. Michel, ajoutant toutefois qu'"il s'agissait d'actes provenant de personnes minoritaires" et qu'il "ne convient pas de faire des généralisations".

"Le problème de Jan Jambon ? Son vocabulaire dénigrant (pustule, cancer) et ses allégations (répétées) non étayées", tranchait le journal francophone Le Soir. "Recherchée: partie significative de la communauté musulmane qui a dansé", titrait lundi avec ironie le flamand De Standaard. Le gouvernement régional de Bruxelles a relevé "un seul fait", évoquant "des individus qui se sont retrouvés à proximité du domicile d'un des terroristes présumés et
ont voulu faire la fête
" le jour des attentats. Le parquet a toutefois précisé que ce dossier avait été "classé sans suite, faute d'éléments à charge".

Aile nationaliste

A son arrivée au gouvernement, Jan Jambon, 56 ans le 26 avril, avait créé une polémique encore plus vive en affirmant que "les gens qui ont collaboré avec les Allemands (pendant la Deuxième Guerre mondiale) avaient leurs raisons". "Des membres éminents de la N-VA comme Jan Jambon ont pris l'habitude de tenir des propos tranchants", a expliqué à l'AFP le politologue francophone Jean Faniel.

"Il s'agit pour eux, dit-il, d'adresser des messages à l'aile la plus nationaliste de la N-VA pour qu'elle ne rejoigne pas le parti d'extrême droite Vlaams Belang", qui remonte dans les sondages. Il faut, selon le politologue flamand Dave Sinardet, ajouter "les convictions personnelles de Jan Jambon, quelqu'un d'assez à droite pour qui il y a un vrai problème dans la communauté musulmane". La situation du ministre pourrait devenir difficilement tenable dans les prochains mois si la commission d'enquête parlementaire sur les attentats, installée lundi, devait mettre au jour de trop nombreux dysfonctionnements dans les services de police et de renseignement. "Mais ça, c'est une autre histoire", estime Dave Sinardet.
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