Le syndicat maritime Nord (SMN) a estimé jeudi qu'Eurotunnel ne pouvait pas vendre le navire "Nord-Pas-de-Calais", une décision annoncée mercredi
par le groupe qui a remis le feu aux poudres dans le dossier Myferrylink.
"Jacques Gounon (le PDG d'Eurotunnel, ndlr) n'a pas droit de vendre le Nord-Pas-de-Calais. Le tribunal de commerce de Paris en juin 2012 a interdit de vendre les bateaux pendant cinq ans", a affirmé Eric Vercoutre, secrétaire général du Syndicat maritime Nord (SMN), à l'origine des actions qui avaient bloqué pendant une partie de l'été le port de Calais, le plus important de France.
"Si M. Gounon ne respecte pas ses engagements de sortie de crise, le ministre prendra les décisions adéquates et nous nos responsabilités", a ajouté M. Vercoutre.
Une assemblée générale doit avoir lieu vendredi à 11H00 à Calais suivie d'une conférence de presse. Mercredi, M. Vercoutre avait laissé ouverte
la possibilité de bloquer le port de Calais. Interrogé, le groupe Eurotunnel "confirme qu'il ne peut pas vendre le 'Nord-Pas-de-Calais' mais qu'il veut le louer et cherche un repreneur", selon un porte-parole.
Le groupe Eurotunnel avait pourtant annoncé mercredi mettre en vente son dernier navire, un transport de fret, après la décision de la Cour suprême britannique lui interdisant d'opérer un service maritime entre Calais et Douvres.
MyFerryLink, théâtre d'un dur conflit social cette année, espérait reprendre ses activités avec le "Nord-Pas-de-Calais", actuellement à quai à Dunkerque, "ce qui aurait permis de sauver 130 emplois", selon Eurotunnel.
Après la liquidation de SeaFrance en 2012, certains ex-salariés avaient créé la Scop SeaFrance, qui exploitait la compagnie MyFerryLink, en louant leurs anciens bateaux auprès du groupe Eurotunnel, qui avait racheté les trois navires. Mais Eurotunnel, suite à des décisions de justice défavorables à MyFerryLink, a décidé de vendre les navires Berlioz et Rodin au concurrent danois DFDS, provoquant le placement de la Scop en liquidation judiciaire.
Un accord a finalement été trouvé sous l'égide du ministère des Transports le 31 août, prévoyant la reprise de 402 des 487 salariés, par DFDS, Eurotunnel et l'un de ses sous-traitants en sécurité. 130 devaient être embauchés sur le "Nord-Pas-de-Calais".