Une étude de l'Insee Hauts-de-France publiée ce mercredi 20 mars 2023 révèle qu'un étudiant sur quatre travaille à côté de ses études. Une grande partie d'entre eux doivent s'orienter vers des "petits boulots" pour arrondir leurs fins de mois. Cette situation touche d'ailleurs un peu plus les femmes, qui occupent moins souvent un emploi en lien avec leurs études.
Avec la hausse du coût de la vie, les études deviennent souvent une étape anxiogène pour les étudiants et étudiantes, de plus en plus confrontés à la précarité. Loyer, courses, prix des écoles, tout en faisant coincider ses loisirs et ses hobbies... Selon l'association d'aide alimentaire destinée aux étudiants, Linkee, en 2023, trois quarts des jeunes sondés disposent de moins de 100 euros pour vivre par mois une fois leurs factures payées. Ce qui équivaut à moins de 3,33 euros par jour.
Une situation qui pousse la plupart des étudiants à chercher un travail à côté de leurs études pour compléter leurs fins de mois. Selon une étude de l'Insee, en 2020, près d’un quart des 236 200 étudiants habitant les Hauts-de-France exerçaient un emploi en parallèle de leurs études. Parmi eux, 1 sur 5 occupe un petit boulot lorsqu'ils ne sont pas en alternance, en stage ou en internat.
Les femmes, plus confrontées aux petits boulots
Plusieurs disparités sont présentes concernant l'accès à l'emploi pour les étudiants, notamment en ce qui concerne la nature de leur job. 47,2 % des étudiants titulaires d'un diplôme de niveau bac +5 ou plus dans les Hauts-de-France, parviendront à trouver un emploi en lien avec leurs études, quand ceux ayant obtenu uniquement le baccalauréat ne représentent que 11,5 %. Les diplômés d'un bac +3 ou +4 exerceront des petits boulots plus fréquemment que les autres pour compenser le coût de la vie.
Beaucoup d'emplois liés aux études correspondent à des métiers très diplômés (médecins, enseignants,chercheurs), les petits boulots, eux, sont plutôt des métiers peu qualifiés tels que caissier, serveur ou vendeur.
De plus, une différence persiste malheureusement entre les hommes et les femmes : 21% des hommes, tous diplômes confondus, trouvent des emplois liés à leurs études, quand seulement 16,1% des femmes sont concernées. Les étudiantes exercent plus souvent des petits boulots (5,9 % contre 3,7 % pour les hommes).
Les petits boulots : un moyen de survie
Au niveau national ou dans les Hauts-de-France, les étudiants et étudiantes ressentent donc la nécessité de trouver un poste pour vivre correctement à côté de leurs études. Une situation alarmante que commente Sarah Levaslot, représentante de l'Union étudiante de Lille, l'un des principaux syndicats de l'Université de Lille : "Travailler à côté de ses études est devenu une nécessité, de la survie, et non plus un choix. Des étudiant·es viennent nous voir en expliquant qu'elles et ils vivent dans des halls d’immeubles, dans des tentes... Avec l'inflation ces personnes sombrent encore plus dans la précarité."
Travailler à côté de ses études est devenu une nécessité, de la survie, et non plus un choix. Des étudiant·es viennent nous voir en expliquant qu'elles et ils vivent dans des halls d’immeubles, dans des tentes.
Sarah Levaslot, syndicat Union étudiante de Lille
Une situation financière qui pousse donc une grande majorité d'étudiants et d'étudiantes à travailler quelques heures, voire à trouver un véritable emploi, pour continuer à suivre leurs cours à l'Université. "Mais il y a plein de barrières", explique Sarah Levaslot. "Il faut trouver un contrat étudiant ou un emploi qui ne contraigne pas trop les études." Beaucoup travaillent donc dans le babysitting, mais aussi dans le gardiennage, la restauration, en boulangerie... Bref dans des secteurs qui usent physiquement.
"Or quand on travaille jusqu’à 23h et qu'on a cours à 7h50 le lendemain, on n'a pas la même capacité à étudier que les autres. Pareil, quand on travaille 25 heures, on perd 25 heures où l'on pourrait étudier..." C'est pourquoi le fait d'avoir un emploi à côté de ses études représente la première cause d’échec en licence : pour ces jeunes, il est beaucoup plus dur d’étudier dans des conditions saines.