Précarité étudiante. "Il y aura encore plus de sauts de repas" : les syndicats étudiants dénoncent la hausse des loyers des résidences universitaires Crous

Les loyers des résidences étudiantes du Crous vont augmenter de 3,5 %, annonçait la présidente du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), Bénédicte Durand, le 27 février. L'idée provoque un tollé auprès des syndicats étudiants, qui dénoncent une énième dégradation des conditions d'études.

C'est une décision qui entraîne une véritable levée de boucliers : les loyers du Crous devraient augmenter de 3,5 % à la rentrée 2024. Ce qui signifie la fin du gel des loyers, mis en place en 2019. C'est Bénédicte Durand, présidente du Cnous, organisme national qui gère le réseau des Crous, qui a révélé l'information le 27 février.

Cette hausse serait justifiée par le besoin de rénover les résidences universitaires. En juin 2023, Elisabeth Borne, alors Première ministre, annonçait en effet un objectif de rénovation de 12 000 logements d'ici à la fin du quinquennat. 4 000 logements étaient déjà en cours de rénovation en 2023. "Pour rénover les 8 000 logements restants, les Crous disposeront de financements dédiés dont 25 millions d'euros sont engagés en loi de finances pour 2024", indiquait le gouvernement en novembre.

"C'est abominable"

À la suite de cette annonce, les syndicats étudiants font part de leur consternation. "Économiser sur la jeunesse et remettre en cause l'égalité des chances dans l'enseignement supérieur est dangereux pour le présent, mais également un mauvais pari sur l'avenir", dénonce la Fage, la Fédération des associations générales étudiantes, dans un tract diffusé le 28 février.

"Ce n'est absolument pas normal que l'on fasse porter ce coût aux étudiants, alors que de toute façon les rénovations n'arrivent pas. On est consternés par cette précarité étudiante : ces étudiants qui meurent de faim, ces mal logés, l'expulsion des étudiants pour les JO, énumère Anne Roth, coprésidente de l'Union étudiante de l'université Picardie Jules Verne. Ce sont des problèmes qui s'ajoutent les uns aux autres. C'est abominable, on va se mobiliser pour que les choses bougent."

"Cette hausse intervient dans un contexte d'augmentation de la précarité, à Amiens, elle a augmenté de 5 % cette année, ajoute Lucas Boutillier, président de l'Unef Picardie. Le Crous avait les loyers gelés, mais il y a déjà eu une augmentation des charges cette année."

Sensibiliser et mobiliser

Les deux syndicats étudiants demandent la même chose : que le gouvernement fasse marche arrière et que le gel des loyers perdure. D'après l'Union étudiante, cette hausse des loyers pourrait représenter une hausse de 250 € dans certaines résidences. Un montant de beaucoup supérieur à la hausse de 2 € à 6 € par mois annoncée par Bénédicte Durand, une fois l'APL soustraite du loyer. Difficile dans ce cas de calculer le montant exact de la hausse pour les étudiants, le montant de l'APL étant dépendant de la situation individuelle de l'étudiant.

Le loyer est déjà le premier poste de dépense des étudiants, il y aura encore plus de sauts de repas

Anne Roth, coprésidente de l'Union étudiante de l'université Picardie Jules Verne

Mais si l'on ne compte pas cette aide, une hausse de 3,5 % représenterait environ 16 € supplémentaires à débourser pour un T1 de 26 mètres carrés de la résidence étudiante Charles de Gaulle à Amiens, dont le loyer s'établit pour l'instant à 455,83 €. Ou encore une hausse de près de 11 € pour un T1 de 19 m² à la résidence du Coteau, située sur le campus sud d'Amiens, où le loyer s'élève à 303,63 € sans les charges.

"Une étude Linkee montre qu'un étudiant sur dix a déjà dormi dans sa voiture ou à la rue et en même temps, on détruit le service public du logement, c'est catastrophique, déconnecté, dénonce Lucas Boutillier. Le service public devrait protéger les étudiantes et étudiants, mais leur fait payer le manque de budget." L'Unef compte alerter à ce sujet lors du prochain conseil d'administration du Crous.

"Le loyer est déjà le premier poste de dépense des étudiants, il y aura encore plus de sauts de repas" déplore Anne Roth, en référence aux chiffres publiés par la Fage en janvier, estimant que 20 % des étudiants ne mangent pas à leur faim. D'après ce même baromètre, les étudiants sauteraient en moyenne 3,5 repas par semaine. À Amiens, aucune réunion intersyndicale n'est prévue pour l'instant, mais l'Union étudiante n'exclut pas l'idée : "plus on est nombreux, plus on a de chances que les choses bougent" souligne Anne Roth.

L'Union étudiante va mener des actions d'information sur la décision gouvernementale dans les résidences étudiantes dans les jours à venir. La première réunion est prévue entre 17h30 et 19h, jeudi 29 février à la résidence universitaire Saint-Leu.

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