1940, la bataille de France au jour le jour : 1er juin, Lille se rend après avoir aidé au succès de l'Opération Dynamo

EPISODE 24 - C'était il y a 80 ans. Le début de la Seconde Guerre Mondiale. Les soldats français déposaient les armes à Lille après avoir contenu des troupes allemandes pendant cinq jours et aidé au succès du rembarquement des troupes alliées à Dunkerque.

Dès les premières heures de ce samedi 1er juin, les bombes allemandes tombent sur la poche de Dunkerque. Le préfet Le Gentil décrit des bombardements de plus en plus violents : "Tout brûlait autour de nous… On respirait un air surchauffé, et les bombes faisaient, en tombant, après avoir déchiré l’atmosphère, un affreux bruit qui détraquait les plus résistants".
 


150 personnes périssent dans l’écroulement d’un abri dans le quartier de la Citadelle, 77 autres dans une usine de Saint-Pol-sur-mer où elles s’étaient réfugiées. 
 


C’est comme si les Allemands sentaient leur proie s’échapper, alors la Luftwaffe lance une des plus importantes attaques aériennes de ce siège.
 


Plus de 100 bombardiers se relaient au-dessus de Dunkerque pour couler les navires dans le port et au large. Trois destroyers anglais et un contre-torpilleur français sont coulés. Une trentaine de bateaux plus petits est détruite, une dizaine très endommagée.
 


64 500 soldats réussissent malgré tout à passer en Angleterre.
 


Face aux pertes de navires, les Britanniques décident que les évacuations ne se feront que la nuit à partir de cette date.
 


Dans la ville, les pompiers luttent contre des quinzaines d’incendies. Louis Aragon et son unité traversent la ville pour embarquer : "On rase les murs, on plonge dans ces rues en ruines derrière lesquelles des bateaux flambent".

 


A 19h, Aragon monte à bord du torpilleur La Flore.
 


Des avions sont repoussés par la DCA du navire. Dans Les Communistes, le poète décrira le soulagement des évacués : "La senteur du soir et de la mer emmène les esprits à la dérive. On voit à peine s’éloigner Dunkerque et ses fumées. Dunkerque est déjà si loin d’eux".
 


Louis Aragon arrive à Plymouth, en Angleterre, sain et sauf, pour immédiatement repartir vers Brest. Car après Dunkerque, la guerre continue. Il sera décoré de la Croix de Guerre par le général Weygand pour être allé 19 fois chercher des blessés dans les lignes ennemies.
 

 

Au sud de Dunkerque, les Français tiennent tête aux Allemands


Ces embarquements sont possibles parce que quelques kilomètres au sud du port, les Français tiennent tête aux assauts allemands. Le front de la Colme est abondamment bombardé. Vers 10h des unités allemandes commencent à passer ce canal grâce à des canots pneumatiques. Les défenseurs doivent se replier sur le hameau des Neiges, près de Téteghem.
 


Depuis le fort Vallières, à Coudekerque-Branche, des canons de marine français bloquent la progression des Allemands vers Dunkerque. Le fort est écrasé par les bombes d’une trentaine de Stukas. Les Français réussissent à sortir les canons et à les mettre à l’abri pour continuer la lutte le lendemain.
 


Des Français résistent dans le village de Hoymille, à l’entrée de Bergues. Mais à 17h, le canal est franchi au Benkies Meulen.

Pour ne pas être encerclés, les derniers défenseurs de Hoymille se replient également vers le hameau des Neiges. Les pertes sont élevées des deux côtés mais 250 français tiennent toujours le hameau en fin de journée.
 
Les Allemands tentent de passer par la plage vers Bray-Dunes. Le 8e régiment de Zouaves les arrête et installe un barrage anti-chars à la nuit tombée.
 

 

Lille rend les armes


A Lille, en ce samedi matin, les soldats français, qui résistent depuis cinq jours, s’apprêtent à se rendre aux Allemands. Le dernier soldat à mourir dans la poche lilloise est le colonel Dutrey. Il commande l’artillerie française à Haubourdin et n’accepte pas la défaite, même avec les honneurs. A 6h30, il se suicide pour ne pas voir ses canons saisis par les Allemands.
 


Des centaines de soldats et de civils ont été tués ou blessés. Une compagnie de tirailleurs tunisiens ne compte plus qu’une trentaine d’hommes sur 160 au départ.
 

Reportage de Florence Mabille de Poncheville, Gonzague Vandamme et Marie-Elisabeth Masson.


Dans la nécropole nationale d’Haubourdin reposent 1850 soldats français tombés à Lille et dans le Nord en mai 1940. Parmi ces tombes, celles des généraux Dame et Mesny chargés de la défense d’Haubourdin et Loos.
 


Emmenés en captivité après la reddition de la poche de Lille, ils sont morts en Allemagne. Le général Dame meurt en juillet 1940 de maladie à cause des mauvaises conditions d’incarcération dans la forteresse du Koenigstein.

Le général Mesny, qui contribuera à l'évasion du général Giraud, sera abattu par un SS d'une balle dans la nuque, le 19 janvier 1945.

Ces Français, sous le valeureux commandement du général Molinié, avaient durant quatre jours critiques contenu pas moins de sept divisions allemandes qui, autrement, auraient pu prendre part aux attaques du périmètre de Dunkerque.

Winston Churchill, Premier ministre britannique.


Mais avant le départ vers les camps de prisonniers, une des scènes les plus étonnantes de ce conflit se déroule sur la Grand’Place de Lille. Trois compagnies de soldats français défilent en armes mais sans munition précédés par leurs officiers.

Le général Waeger et des troupes allemandes au garde-à-vous leur rendent les honneurs militaires.
 


L’acte est plus que symbolique. En 14/18, seuls les défenseurs du fort de Vaux près de Verdun avaient eu droit à cette reconnaissance par les Allemands. Le général von Reichenau, commandant en chef de la 6armée allemande, fait également dire au général Molinié qu’il rend hommage à "la résistance héroïque" des Français à Lille.
 


Dans ses mémoires, Winston Churchill écrit : "Ces Français, sous le valeureux commandement du général Molinié, avaient durant quatre jours critiques contenu pas moins de sept divisions allemandes qui, autrement, auraient pu prendre part aux attaques du périmètre de Dunkerque. Ces troupes apportèrent ainsi une splendide contribution au salut de leurs camarades plus favorisés et du corps expéditionnaire britannique".  
 


Hitler pense également que la résistance de la poche de Lille l’a empêché d’en finir plus vite avec les Alliés à Dunkerque. Agacé par le temps perdu et les honneurs rendus aux Français, il fait limoger le général Waeger.

Le commandant en chef de l’armée allemande ordonne que désormais "il soit rendu compte à l’autorité supérieure de tous pourparlers de capitulation". Dans la journée, Hitler arrive près de Lille, à Annappes où il passera la nuit dans le château de Brigode...
 

► La suite de notre série demain avec la journée du 2 juin 1940. Vous pouvez relire les épisodes précédents dans le récapitulatif ci-dessous :
 

 

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