52 médecins surveillés dans les Hauts-de-France pour avoir délivré trop d'arrêts maladie

En réaction à la hausse nationale des arrêts maladie pour l'année 2022, l'Assurance Maladie a entamé des procédures de contrôle des praticiens dépassant les taux de prescription habituels. Dans les Hauts-de-France, cette hausse se fait également ressentir.

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La traque a déjà commencé. Dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui sera étudié à l'automne prochain, le gouvernement a commencé à faire la chasse aux médecins trop "généreux" quant à leurs prescriptions d'arrêts maladie.

Entre 2021 et 2022, l'Assurance Maladie fait état d'une hausse de 8,2 % des prescriptions en France, soit + 14 milliards d'euros de dépenses pour cette période. Un chiffre appuyé par le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, en juin dernier, qui estime à 30 % la hausse des arrêts maladie ces dernières années. Le ministre estime pouvoir récupérer près de 10 milliards d'euros en partie en limitant les arrêts de travail "abusifs".

Quelle situation dans les Hauts-de-France ?

Avec 4 600 médecins répartis principalement dans le Nord et la Somme, les Hauts-de-France font partie des régions en manque de médecins généralistes. Pour autant, l'Assurance Maladie du nord de l'Hexagone fait état d'une augmentation de 5 % des arrêts maladie entre 2021 et 2022. "Soit une hausse des dépenses estimée à 1,25 milliard d'euros", confie Jean-Marc Vandendriessche, directeur régional de l'Assurance Maladie. "Aussi, depuis le 1er septembre 2022, la région a enregistré une nouvelle hausse de 7 %. Des taux qui ne sont pas aussi conséquents qu'au niveau national donc, mais qui restent tout de même assez élevés."

Comment l'expliquer ?

Jean-Marc Vandendriessche indique plusieurs facteurs pouvant expliquer cette hausse des prescriptions. Premièrement, le praticien avance un facteur démographique. "Plus de population signifie aussi plus de malades." Une affirmation qui explique 36 % de la hausse, selon le directeur de l'Assurance Maladie. "Ce à quoi s'ajoute une baisse du taux de chômage, et donc une augmentation du niveau de salariés. La hausse du SMIC provoque également une hausse du montant des indemnités." L'allongement de la durée moyenne d'indemnisation explique quant à elle 23 % de cette hausse.

Quelles mesures sont prises pour lutter contre les arrêts "abusifs"?

La campagne menée par l'Assurance Maladie agit sur deux niveaux, selon le nombre d'arrêts délivrés par un praticien ces dernières années. "Dans les Hauts-de-France, 700 médecins avec des taux plus élevés que la moyenne ont été contactés pour nous présenter leur pratique dans le cadre d'un entretien confraternel, visant à les informer et à les accompagner", précise le docteur Vandendriessche. Au niveau national, 5 000 praticiens ont été contactés par l'Assurance Maladie en France.

Concernant les plus gros prescripteurs, dont les taux dépassent de loin les moyennes habituelles, 1 000 médecins ont été repérés en France, dont 52 dans les Hauts-de-France. "Ces praticiens sont alors soumis à une MSO, une "mise sous objectif", qui vise à les faire revenir à des taux de prescriptions qui se rapprochent plus de la moyenne, sous six mois."

Des arrêts souvent justifiés

Toutefois, le directeur de l'Assurance Maladie des Hauts-de-France tempère : plutôt que de parler de "réduction" des taux, Jean-Marc Vandendriessche préfère employer le terme "régulation". "Fournir des arrêts représente l'une des missions principales de l'Assurance Maladie. On ne peut donc pas parler de réduire les pertes liées aux arrêts maladies, puisqu'une partie du budget est justement prévue pour répondre à ces besoins. Il s'agit plutôt de les arbitrer."

Le praticien rappelle également que "l'arrêt maladie ne doit pas être utilisé pour régler des conflits entre employeur et salarié. Ils doivent entrer dans le cadre d'une prise de soins. Sauf bien sûr en cas de burn-out, entre autres, lié aux conditions de travail du salarié."

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