Les 243 services d'aide à domicile (SAAD) du Nord réclamaient un fond d'urgence, redoutant de ne plus pouvoir assurer leurs missions et de se retrouver en cessation de paiement
Des bénéficiaires sur liste d'attente, d'autres pour qui l'aide à domicile est réduite faute de moyen et des structures qui peinent à boucler leur budget. Associatifs, sociétés privées, tous les acteurs de l'aide à domicile sont vent debout et interpellent leur principal financeur, le département du nord.
Le département du nord consacre 70% de son budget à l'action sociale, 47714 personnes bénéficient de l'aide à domicile, en majorité, des personnes âgées, un record en France.
Des métiers qui n'attirent plus
Depuis 2017 le département a mis en place une politique tarifaire qui pour l'UNA (Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles), est insupportable.
En cause, le coût engendré par des prestations plus complexes qui étaient auparavant prises en charge par le département.
Le département du Nord applique un tarif fixe de 22 euros, un tarif national établi depuis le premier janvier dernier. Pour les services d'aides à domicile, le compte n'y est pas, ils estiment le coût d'une prestation horaire entre 30 et 33 euros et mettent en avant les revalorisations salariales, l'augmentation du SMIC, dans ces secteurs qui manquent d'attractivité.
50 Millions pour sauver le secteur
Alors que les structures d'aide à domicile exigent 50 millions d'euros pour sauver la filière, le département lui, propose 1 euro de plus de l'heure pour chaque bénéficiaire, s'ajoute à cela 1 euro supplémentaire de la part de l'état, d'ici début 2023.
Tout calcul fait, ce sont donc 20 millions d'euros qui sont aujourd'hui mis sur la table : 10 millions par le département et 10 autres par l'état, mais pas sûr que cela suffise à sauver toutes les structures.
"Ce secteur est important pour nous, car il touche plus de 47000 personnes et emploie 12 mille professionnels."
Christian Poiret, président du département du Nord
Christian Poiret, le Président du département qui est allé chercher ce coup de pouce auprès de Jean-Christophe Combe (Ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapés), explique pourquoi il était important d'obtenir cette manne financière de la part de l'état.
"Ce secteur est important pour nous, car il touche plus de 47000 personnes qui ont besoin des aides à domicile, des salariés qui méritent d'être payés correctement et des associations à l'équilibre.", insiste le président du département.
Mais pour obtenir plus de financement, il faudra faire plus qualitatif prévient Christian Poiret, qui insiste sur la formation du personnel : "Nous avons besoin de garder nos aides à domiciles, de les former correctement, qu'elles soient fiables quand elles interviennent chez les personnes âgées, c'est le plus important pour nous, dans un moment ou leur nombre augmente. Nous avons besoin de pérenniser ce service et de protéger nos ainés "
Des trajets trop longs et peu de temps avec le patient
Le patron du département pointe aussi du doigt le peu de temps que certaines aides à domicile consacrent à leurs patients, qu'il qualifie de "quart d'heure inacceptable"
"On ne peut pas soigner un patient en 15 mn, ce n'est pas possible.", ajoute Christian Poiret. il dénonce aussi des temps de trajet trop longs entre chaque visite, parfois 30mn et propose un meilleur maillage des territoires.
Appel à projet
Christian Poiret exhorte enfin, les structures d'aides à domiciles à répondre aux appels à projets de l'Etat, des ressources supplémentaires pour les associations, mais il reconnait que tout le monde n'a pas la capacité structurelle nécessaire.
Sur 243 structures d'aides à domicile, 87 ont répondu à l'appel au projet de l'état et seules 64 ont été jugées recevables. Le département indique qu'il s'engage à aller chercher les aides supplémentaires auprès du ministère de tutelle.