Une antenne de l'Institut du monde arabe (IMA) a été inaugurée ce jeudi à Tourcoing (Nord) dans une ancienne école de natation, une ouverture considérée comme un pari sur la culture dans cette ville pauvre où vit une importante communauté musulmane.
"La seule réponse aux obscurantistes, aux fanatiques et à tous les clichés et à tous les préjugés, c'est de miser, de parier sur la culture, sur l'art, sur l'éducation, sur le savoir", a déclaré Jack Lang, président de l'IMA. "L'Institut du monde arabe, institution unique au monde, est présente à Paris et rayonne depuis la capitale, mais doit aujourd'hui s'implanter dans les grandes régions de France, et les Hauts-de-France, c'est un des lieux les plus avancés, les plus vivants, les plus populaires", a ajouté l'ancien ministre de la Culture.
Reportage de Sophie Bechir et Bertrand Théry.
Une centaine d'oeuvres sont présentées sur 300 m2 dans cette ex-école de natation, implantée en plein centre-ville. Il s'agit de la première phase d'un projet plus ambitieux, qui doit voir le jour à l'horizon 2019, avec la réhabilitation de plus de 3 000 m2, dont l'ancien grand bassin. En début d'après-midi, le ruban a été coupé en présence de Jack Lang, du président du Conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand (Les Républicains), des maires LR de Tourcoing Gérald Darmanin et de Roubaix Guillaume Delbar, et du président de la Métropole européenne de Lille, Damien Castelain. Un "mapping" (fresque lumineuse) sur la façade de briques et de pierres devait être réalisé en soirée par la compagnie Racines carrées.
Exposition permanente gratuite
La gouvernance de l'IMA-Tourcoing est assurée par un groupement d'intérêt public (GIP) composé de la région Hauts-de-France, de la Métropole européenne de Lille, des villes de Tourcoing et Roubaix, ainsi que de l'IMA, avec un budget annuel d'un million d'euros. L'exposition permanente, gratuite, est constituée d'oeuvres médiévales, modernes et contemporaines venant des collections de l'IMA-Paris, mais aussi du Louvre et du musée Delacroix de Paris. "L'idée, c'était justement de montrer en confrontant des oeuvres du passé et d'aujourd'hui comment le monde arabe a une identité, comment le monde arabe a un mode de vie, une joie de vivre aussi, que l'on soupçonne peut-être moins vu de l'extérieur", a expliqué le directeur de l'IMA-Tourcoing, Éric Delpont.L'IMA-Tourcoing se veut également une "boîte à outils", avec des activités éducatives, des conférences, des spectacles et des cours d'arabe. Tourcoing, ville de 92 000 habitants de la métropole lilloise, affichait un taux de pauvreté de 25,8% en 2013, d'après l'Insee.