La maire de Lille a saisi le préfet afin de faire fermer le bar "La Citadelle", lieu de rassemblement du groupuscule d'extrême droite "Génération identitaire", situé en centre-ville. Un reportage d'Al Jazeera diffusé lundi y révèle les comportements violents et racistes de certains de ses membres.
Martine Aubry a "pris connaissance avec horreur du documentaire diffusé par la chaîne Al-Jazeera dimanche 9 décembre 2018", dont nous vous faisions part lundi. Dans ce reportage de 52 minutes, "Génération Hate", un journaliste infiltré dans la mouvance identitaire lilloise y tourne durant des mois des séquences en caméra cachée, notamment et surtout dans le bar privé "La Citadelle" situé rue des Arts, en plein centre-ville de Lille. L'établissement est au coeur du documentaire.Dans le film, on y voit des clients de ce bar associatif, ouvert en 2016, tenir des propos racistes et se vanter d'actes violents à l'encontre de "weshs" et de "sales bougnoules" commis dans la capitale des Flandres. On y voit même un homme, présenté comme étant proche d'Aurélien Verhassel, président de "La Citadelle", tabasser une jeune Maghrébine en pleine rue Massena.
Le préfet saisi pour la fermeture de La Citadelle
Ce même individu, toujours filmé à son insu dans une arrière-pièce de La Citadelle, se dit même capable de faire "un carnage" avec une voiture-bélier au marché de Wazemmes, où "il y a tous les « gnoules » de Lille", prédisant que l'attentat de Charlie Hebdo, en comparaison, serait "de la pisse de chien".
Le reportage d'Al-Jazeera "révèle des propos insupportables tenus par des membres de Génération Identitaire, au sein notamment des locaux du club privé « La Citadelle »" écrit Martine Aubry dans son communiqué. "Ce documentaire montre également des actes de violence révoltants et des expressions particulièrement préoccupantes. Ces faits confirment les inquiétudes que nous avions exprimées à l’ouverture de ce local en septembre 2016".
La maire de Lille dit avoir saisi le préfet "pour faire cesser les agissements de ces individus et obtenir la fermeture de la Citadelle qui n’aurait jamais dû ouvrir à Lille".
J’ai pris connaissance avec horreur du documentaire révélant des propos insupportables de membres de Génération Identitaire. J’ai saisi le préfet pour faire cesser les agissements de ces individus et obtenir la fermeture de la Citadelle qui n’aurait jamais dû ouvrir à Lille. pic.twitter.com/KxWO8rMgxq
— Martine Aubry (@MartineAubry) 11 décembre 2018
Contacté lundi suite à la diffusion de ce documentaire, le président de La Citadelle Aurélien Verhassel avait répondu : "Aucun membre de Génération Identitaire n’est impliqué dans ce reportage, hormis ma personne et Cyril Wayenburg, quant aux autres ce sont des personnes de passage à La Citadelle – qui n’ont donc ni légitimité, ni un quelconque rôle - comme chaque lieu public en accueille des centaines chaque semaine. La Citadelle accueille des personnes de diverses sensibilités, aux parcours variés".
L'intégralité de sa réaction est à retrouver dans l'article que nous avons publié lundi à ce sujet.
La justice saisie
Mercredi 12 décembre, Martine Aubry et le préfet du Nord ont saisi le procureur de la république de Lille "qui appréciera les suites à donner". L'autorité préfectorale, "qui a pris connaissance avec une extrême attention du documentaire « Génération Hate »" dénonce à son tour "les propos racistes tenus et les actions violentes, avérées ou planifiées, qui sont relayées", et qu'elle juge "pas acceptables"."Par ailleurs, la préfecture étudie tous les moyens légaux à sa disposition", faisant réponse à la demande de Martine Aubry de faire fermer "La Citadelle".
La justice étudie la situation
Le parquet de Lille n'exclue pas l'ouverture d'une enquête judiciaire suite à la diffusion du film d'Al-Jazeera "Génération Hate".
"Nous analysons la situation et vérifions s'il y a, ou pas, des infractions constituées. Il n'y a pas, pour le moment, d'enquête à proprement parler", font savoir les services du procureur de la république de Lille.