Lors du dernier CSE de Chauss'Expo, les représentants du personnel ont déchanté devant les offres formulées par les cinq repreneurs potentiels de l'enseigne, placée en liquidation judiciaire depuis janvier. Jugées insuffisantes voire indécentes, ces offres provoquent l'ire des salariés de la boutique originaire du Nord.
"Pas un seul n'est sorti du lot, ils étaient tous pourris." Le dégoût, on l'entend bien dans la voix de Gonzague*, gérant d'une boutique Chauss'Expo de la métropole de Lille. Ce représentant CSE se dit écœuré depuis le 9 janvier, lorsque la société Desmazières, maison mère de l'entreprise du Nord Chauss'Expo, a été placée en liquidation judiciaire.
La boutique de chaussures née dans les Hauts-de-France en 1987 a déjà connu deux plans sociaux en 2017 et 2018, en raison du manque de recettes générées par ses 177 boutiques présentes partout en France. Rachetée, Chauss'Expo était finalement parvenu à se redresser, générant des chiffres plus que corrects après la pandémie de Covid-19.
La belle histoire de Chauss'Expo, dont le siège est basé à Templemars (Nord) a pourtant été de courte durée : rattrapée par la crise économique, comme bon nombre de fleurons de l'industrie textile des Hauts-de-France (Camaïeu, Naf Naf, Pimkie...), l'enseigne n'a pas survécu à ce troisième passage à vide.
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"Une véritable brocante"
Pourtant les 750 salariés avaient de l'espoir : cinq repreneurs se sont positionnés sur l'enseigne. Chaussea, le groupe familial du sud GDC (Galerie, dressing, chaussures), Turry, le groupe Beaumanoir (Bonobo, Cache Cache, Morgan...), et Cloé. Mais c'était avant de découvrir les offres de ces potentiels racheteurs.
Certains magasins étaient toujours très rentables, là ces offres étaient indécentes, c'était une véritable brocante à qui repartira avec le plus de morceaux au meilleur prix.
Gonzague, délégué CSE et patron d'une boutique Chauss'Expo
"On s'attendait à des plus gros repreneurs. La plupart n'ont pas beaucoup de boutiques, le seul qui ait vraiment la carrure c'est Beaumanoir, mais leur offre n'était pas satisfaisante, ils ne se sont positionnés que sur un seul magasin", mentionne Gonzague*, qui ne comprend pas ces offres jugées plus que décevantes. "Certains magasins étaient toujours très rentables, là ces offres étaient indécentes, c'était une véritable brocante à qui repartira avec le plus de morceaux au meilleur prix."
Peu d'espoir pour la suite
Malgré la liquidation, Chauss'Expo continue son activité. Les salariés doivent donc faire vivre les boutiques tout en sachant que le 15 mars sonnera définitivement la fin de l'enseigne. "On continue de travailler tant qu'on a une marge, on continue d'insister. Une partie de nous n'y croit plus mais on essaie de garder espoir."
On continue de travailler tant qu'on a une marge, on continue d'insister. Une partie de nous n'y croit plus mais on essaie de garder espoir.
Gonzague
Prochaine étape du dossier : l'audience prévue au tribunal de commerce de Lille le 21 février prochain à 14 heures, qui doit décider de la fin définitive ou non de Chauss'Expo.
*Le prénom a été modifié