À vos javelots. Avant l'arrivée des Jeux olympiques, ce sont les jeux antiques qui ont fait un arrêt à Lille ce dimanche 28 avril 2024. Malgré le vent et la pluie, des courageux sont venus se tester sur les épreuves olympiques d'il y a 2 000 ans. Lanceurs et combattants leur ont aussi offert de belles démonstrations.
Le bras étendu sur le côté, la jambe opposée en avant. Pierrick, dans son ciré jaune, n'en mène pas large. Le jeune garçon se concentre pour tenter de suivre les instructions de son mentor d'un instant. Bien calé dans le creux de son coude, il tient en équilibre un énorme disque doré qu'il s'apprête à lancer aussi loin qu'il peut. Chose ardue, le disque s'écrase après un vol très modeste.
Une méthode pédagogique
Pas déçus, le jeune garçon et ses parents sont ravis de leur matinée : "on a appris plein de choses, d'anecdotes sur la création du marathon par exemple". Ce dimanche 28 avril 2024, ils sont plusieurs dizaines de curieux à être venus assister à une représentation vivante des jeux antiques au parc archéologique de Villeneuve d'Ascq, Asnapio. Au programme, joutes, lutte ancestrale, lancers de javelots et de disque.
Après une démonstration, les sportifs ont volontiers enfilé leur costume de coach pour faire vivre une expérience immersive aux petits et grands. "L'avantage, c'est de vulgariser avec la partie pratique en plus du discours, ça aide le public à accéder aux mondes des jeux antiques", se réjouit Chris Vernel, médiateur culturel.
Habillés de parures de l'Antiquité grecque, les guides croient en la pratique pour l'apprentissage de l'histoire du sport, et plus largement des Jeux olympiques. Si aujourd'hui ces Jeux sont bien connus de tous, ils tiennent une part de leur origine dans les pratiques de la Grèce Antique, et auraient pu tomber dans l'oubli.
Les gens qui ont recréé les Jeux olympiques au fil des siècles se sont inspirés de l'Antiquité.
Chris Vernel, médiateur culturel
Car à la fin de l'Antiquité, ils sont abandonnés : "les gens qui les ont recréées au fil des siècles se sont inspirés de l'Antiquité", explique Brice Lopez, directeur de la société ACTA, les premières tentatives pour imaginer recréer les Jeux olympiques datent du XVIIe siècle. Donc oui, les jeux modernes sont inspirés, mais ça n’a plus les mêmes origines."
Partager des savoirs anciens
À moins de cent jours des Jeux olympiques de Paris, cette activité découverte a un goût particulier. "On fait de la médiation entre cette histoire passée et le public d’aujourd’hui, commente Brice Lopez, comme, ce sont les Jeux olympiques, ça permet de faire des ponts avec cet héritage qu’on a de l'Antiquité, qu’on doit transmettre aux futures générations."
Pour lui, les épreuves antiques et actuelles ne sont pas comparables, seul point commun "le corps humain" permettant d’exercer les disciplines. "La biomécanique, les corps n’ont pas changé, mais après les contextes, les instruments, les règlements ont changé", argumente-t-il. Il prend en exemple le lancer du javelot, qui dans l'Antiquité, était pratiqué avec un propulseur, sans prendre d'élan.
Le fait de faire faire du sport, ça va créer des émotions qui vont peut-être donner un peu plus envie de s’intéresser aux Jeux olympiques, à nos jeux modernes, à l’histoire et au patrimoine.
Brice Lopez, directeur de Acta
L’idée est de transmettre auprès des jeunes, "un petit voyage dans le temps, pour leur parler de leur patrimoine. Le fait de faire faire du sport, ça va créer des émotions qui vont peut-être donner un peu plus envie de s’intéresser aux Jeux olympiques, à nos jeux modernes, à l’histoire et au patrimoine."
Si l'ambiance est bonne enfant, les sportifs ne lésinent pas sur leurs efforts pour impressionner le public. L'un d’eux, tout juste sorti de son combat, confie : "le but, c'est quand même de gagner à la fin, c'est aussi ça le sport, pas d'écraser son adversaire, mais de se donner à fond."
Ce qui est sûr, c'est que les initiés du jour repartiront avec les rudiments et les belles valeurs de sports disparus.