Avesnes-sur-Helpe : la grogne dans les jardins ouvriers ne faiblit pas

Fin juin, la mairie a décidé d'en augmenter les loyers. 

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Pour Claudine Passera et Henri Ellebood, son mari, ce sera la dernière récolte. Le couple cultive depuis trente ans son jardin ouvrier d'Avesnes-sur-Helpe. Un plaisir qui leur sera désormais inaccessible. 

"Avant on payait 65 francs par an, aujourd'hui c'est 40euros, ça fait 280 francs" commence Henri Ellebood. Son épouse poursuit : "Et nous, notre petite retraite n'augmente pas ! C'est de l'argent... Non, on peut pas..."

©France 3 Hauts-de-France


600% d'augmentation


Le 30 juin, au cours du conseil municipal, la ville a pris la décision d'augmenter les loyers des 80 jardins ouvriers que compte la ville. Le tarif fixé est de 0.25 centimes le mètre carré. Cela a l'air peu, mais dans certains jardins, cela correspond à une augmentation de près de 600%. 

Difficile à comprendre pour le collectif des jardiniers, qui ont déposé une pétition en mairie. 

"On s'est renseignés sur ce qui se faisait ailleurs, explique Cathy Menet, la porte-parole. On avait vu qu'ailleurs, pour ce prix, les gens avaient des compensations bien autres que celles qu'on a ici. Certains ont de l'eau à disposition, du ramassage des déchets verts..." 

"C'était inéquitable"


Du côté de la mairie, on justifie d'une volonté d'uniformisation. "Il faut savoir qu'auparavant, nous avions sur la ville d'Avesnes une tarification très très ancienne, répond la maire, Marie-Annick Dezitter. C'état inéquitable, certaines personnes ne payaient rien pour la parcelle, d'autres des tarifs calculés sur des bases que je ne connais pas..."

Selon elle, il y a aussi une volonté de pallier quelques abus : des jardins qui servent à élever des bêtes, ou même à abriter une construction en dur. 

En attendant que la pétition fasse son effet, plusieurs jardiniers vont devoir abandonner des parcelles qu'ils cultivent parfois depuis des dizaines d'années. 

Jardins ouvriers, une longue histoire
Les premiers jardins ouvriers ont été créés en 1889 dans le Nord par Félicie Hervieu, une proche du mouvement démocrate-chrétien qui a initié dans la ville de Sedan plusieurs innovations sociales. 

A cette date, elle commence à mettre à disposition des parcelles de terrain pour les familles nécessiteuses. 

Cette idée a été connue du grand public grâce à une autre figure du Nord, l'abbé Lémire, prêtre de ce qui était alors le diocèse de Cambrai et député-maire d'Hazebrouck. 

"Les jardins ouvriers professent une vocation sociale et défendent un certain ordre social : s'ils permettent aux ouvriers d'échapper à leur taudis en profitant d'un air plus respirable, ils les éloignent aussi des cabarets et encouragent les activités familiales au sein de ces espaces verts." déclare-t-il à l'époque.


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