Les ventes de maroilles ont fortement baissé depuis le début du confinement, laissant les producteurs dans une situation très compliquée.
Quand elle visite sa cave d'affinage, Véronique Juste, agricultrice et productrice de maroilles fermier à Etroeungt (près d'Avesnes-sur-Helpe dans le Nord), a le moral au plus bas. Ses 1600 fromages en stock s'affaissent de jour en jour. Ils pourraient bien devoir être jetés : "Je ne veux même pas y penser, répond Véronique Juste. Jeter une partie de la production, c'est jeter une partie du travail qui a été fait avec beaucoup de rigueur, beaucoup d'exigence. Le maroilles, c'est une AOP. C'est un fromage qui est produit avec un cahier des charges qui est très strict. Ça fait mal au coeur".
Le manque à gagner s'élève déjà à plus de 25 000 euros pour cette exploitation familiale. En cette période de confinement, les consommateurs semblent bouder le fromage. Notamment le maroilles et tous les fromages d'appellation contrôlée.
On espère que les gens vont retrouver le plaisir de manger notre fromage.
Face à la crise du coronavirus Covid-19, la filière laitière recommande aux agriculteurs de produire moins de lait. Mais ce n'est pas si simple. "Je ne vais pas arrêter de produire, tout simplement parce que les vaches sont vivantes, explique Pierre-Marie Juste, agriculteur. Elles ne s’arrêtent pas comme une machine. Ce n'est pas un robinet, on est obligés de continuer de la traire"
Seule solution pour ces producteurs : recourir au chômage partiel pour leurs cinq employés et diminuer fortement la production de fromage. Déjà -80%. Mais dans cette exploitation, on ne veut pas arrêter complètement : "Le maroilles, c'est affinage de cinq à six semaines. On ne peut pas arrêter complètement la production parce qu'on espère que dans les 6 à 8 semaines à venir, on puisse relancer les ventes de maroilles. On espère que les gens vont retrouver le plaisir de manger notre fromage."
Pour l'instant, certaines coopératives laitières collectent les surplus de lait destinés normalement au maroilles. Mais les éleveurs s'inquiètent pour les prochaines semaines.