Alors qu'Emmanuel Macron est attendu dans le Nord ce vendredi 19 novembre 2021, puis en Thiérache dans l'Aisne pour signer le 2e pacte SAT [Sambre-Avesnois-Thiérache], gros plan sur la maison de santé pluri-professionnelle d'Aulnoye-Aymeries qu'il doit visiter.
Aujourd'hui à 13.30, Xavier Lefebvre, médecin généraliste de 46 ans à la maison de santé d'Aulnoye-Aymeries, accueille, Emmanuel Macron pour une visite de la structure. Le président de la République doit ensuite faire un point sur le "pacte SAT" (Sambre-Avesnois-Thiérache), signé en novembre 2018 à Sars-Poteries (Nord) en sa présence, et qui a pour but, via un "partenariat de territoires" de "changer le quotidien des habitants", sur un territoire à cheval entre le Nord et l'Aisne, qui compte 305 000 habitants, et est confronté à des difficultés socio-économiques importantes.
Le pacte SAT s'était donné des objectifs en matière d'éducation, de présence des services publics, de renforcement de l’offre culturelle, mais aussi d'amélioration de l’offre de santé. Sur ce point, "Ici dans le canton d'Aulnoye-Aymeries, au moins 10% mais plutôt 15% des habitants n'ont pas de médecin traitant-référent et j'ai calculé que depuis le début des années 2000, on est à -70% de médecins", explique Xavier Lefebvre, précisant que sur Aulnoye-Aymeries (9 000 habitants), sont implantés actuellement "six médecins". Le docteur, né à Avesnes-sur-Helpe, ne repousse pas les expressions de "zone blanche" ou de "désert médical" pour son secteur.
Il a intégré la maison médicale pluri-professionnelle d'Aulnoye-Aymeries à sa création, en août 2017. Cette structure, qui compte aujourd'hui quatre médecins généralistes et un médecin assistant, qui a terminé son internat mais pas encore soutenu sa thèse, est aussi composée de cinq infirmières et trois kinésithérapeutes.
La maison de santé pour attirer les médecins ?
"Elle se compose de médecins qui étaient déjà sur le secteur", selon Xavier Lefebvre qui estime que développer une deuxième maison de santé sur le secteur [à Berlaimont à trois kilomètres] serait un "gaspillage financier". "La question est plutôt celle de la répartition des forces médicales sur le territoire. Si la maison de santé pluri-professionnelle est très appréciée par les praticiens et les patients, elle n'a pas permis d'attirer de nouveaux médecins. C'est seulement en cela que c'est un échec".
Et l'homme de confier, un sentiment d'isolement face à une masse de travail très importante. "On est submergés. Je vous le disais 10% à 15% des personnes n'ont pas de médecins traitants, mais on est obligés de refuser de nouveaux patients sinon on coule. C'est-à-dire qu'on expédiera nos patients actuels. Déjà nous sommes à 200 rendez-vous par jour honorés par l'ensemble des collaborateurs. Nous essayons au maximum de prendre quelqu'un sous les 48 heures et il faut parfois hiérarchiser, quand il s'agit d'enfants".
Si le médecin ne croit pas forcément à la construction d'autres maisons de santé sur le secteur. Ce n'est pas l'avis de Séverine Lhomme coordinatrice d'une dizaine d'entre-elles dans le secteur. "Les jeunes médecins cherchent de telles structures. Cela les attire. Depuis 2017, nous avons davantage de demandes de stage des internes. Sur Anor, Fourmies, Trélon, ou Aulnoye-Aymeries, on accueille deux internes par semestre, soient 16 personnes par an". Ce qui pourrait déboucher sur des installations laisse entendre la coordinatrice.
La télémédecine ? "Non, merci"
Mais reviendront-ils ? Et diront-ils à leurs camarades de promotion que cela vaut le coup ? Un partenariat est établi avec la faculté de médecine de Lille qui, entre autres, favorise les conditions de la venue des internes, notamment grâce à des actions pour faciliter pour leur logement quand ils ou elles restent plusieurs jours dans le secteur.
Autre solution, la télémédecine ? "En tant que solution transitoire, je veux bien, mais il faut qu'il y ait des garde-fous car on peut vite imaginer des call-centers à Paris pour répondre aux besoins de la patientèle rurale... Ce serait du business, point barre. Un médecin doit être 80% de son temps sur le terrain", estime le docteur Xavier Lefebvre.