Qui dit braderie de Lille dit frites à volonté. Pour la saison 2023, l'addition sera un peu plus salée. Les gourmets le constatent, les gérants de friterie en expliquent les raisons. Reportage à Lille et Tournai.
Des frites bien dorées et des quantités généreuses, un plaisir qui pourrait bientôt devenir un luxe. Depuis un an, la hausse des prix n'a pas épargné les baraques à frites. Résultat, la barquette augmente et les clients dégustent.
À Lille, ce client qui attend sa commande atteste : " On a senti une augmentation, pas énorme, peut-être un euro cinquante, deux euros en fonction des friteries. Mais oui, petite augmentation." Cet autre client se désole :" Il faut avoir les moyens maintenant ! Pour manger c'est dur."
Ces derniers mois, Patrick Sengulen, gérant de la friterie du Colisée à Lille, n'a pas eu le choix, contraint de répercuter la hausse des matières premières."C'est ma deuxième augmentation, ça n'est pas fort, c'est vingt, trente centimes par produit, mais on est obligés, sinon on se fait bouffer et après on peut fermer !"
Tout ce qui est labellisé bio ou plus naturel a beaucoup moins augmenté que les produits industriels.
Alexandre LamantGérant du Frit'House - Tournai (Belgique)
L'huile, mais aussi la pomme de terre ont connu des hausses spectaculaires. Le sac de cinq kilos par exemple, a augmenté de 40% depuis le début de l'année. La faute à une mauvaise récolte l'été dernier. Le phénomène ne se limite pas à la France. Côté belge, l'autre pays de la frite, le cornet est lui aussi directement touché par l'inflation comme la plupart des produits sur la carte.
"Tout a augmenté, les pommes de terre, le gras de bœuf, les steaks hachés", énumère Alexandre Lamant, gérant du Frit'House à Tournai. " Mais ce qui est bizarre", poursuit-il, "c'est que tout ce qui est labellisé bio ou plus naturel a beaucoup moins augmenté que les produits industriels, en fait."
Résultat, en un an et demi, cette friterie a dû changer ses prix à quatre reprises. Mais pas de quoi décourager les clients, car ici la frite, c'est sacré. "On ne touche pas aux frites !", prévient ce client. "Non quelque part, c'est quand même toujours un plaisir de prendre du temps à venir manger. C'est convivial."
Le plaisir avant les prix. Car il ne faut pas s'attendre à une embellie dans les prochains mois : en effet, la récolte de pomme de terre s'annonce très moyenne cette année encore.