Linkee, association anti-gaspi de Lille, récupèrera les denrées alimentaires auprès des restaurants et des food-trucks qui participeront à la braderie du 2 au 3 septembre prochain, pour les redistribuer à des étudiants lors d'une collecte alimentaire prévue le 4 septembre, au Bazaar Saint-So.
À l'entrée du Bazaar St-So, tiers-lieu situé dans le cœur de Lille, une longue file d'étudiants et d'étudiantes patiente dans un joyeux brouhaha. Et chaque jeudi soir, c'est la même rengaine. Entre 18 heures et 19 h 30, près de 300 personnes se rendent dans la partie associative et presque cachée de la gare Saint-Sauveur. Là-bas, les jeunes (et moins jeunes) inscrits à l'université peuvent bénéficier d'un panier alimentaire de 5 à 7 kilos, composé de produits invendus et récupérés par Linkee, une association antigaspi et de lutte contre la précarité étudiante originellement basée à Paris.
Collecter les invendus des restaurants
Boulangers, primeurs, supermarchés... Linkee dispose d'un large panel de commerçants qui propose à l'association de récupérer leurs invendus toute l'année. Mais l'été venu, les bénévoles de l'association se rendent également dans des festivals, comme cela a pu être le cas à We Love Green (1,5 tonne de nourriture sauvée) et aux Solidays (2,5 tonnes) cette année. "À Lille nous avons souhaité nous y mettre, mais avec des évènements locaux... Et quel meilleur évènement que la braderie et ses 2 millions de visiteurs, pour collecter le plus de denrées alimentaires possible ?", confie Brice Benazzouz, responsable de Linkee à Lille.
À la fin de l'évènement, le dimanche 3 septembre, les bénévoles se rendront en binôme dans les restaurants et les 21 food-trucks du centre-ville, sac isotherme sur le dos, pour récolter les invendus. "On collectera vraiment tout : des produits secs, des légumes, des plats préparés que l'on reconditionnera... Chaque équipe acheminera ensuite les produits vers des camion-frigos situés aux abords de la zone de braderie."
Une distribution le 4 septembre
"L'important reste évidemment de surveiller la chaîne du froid et la traçabilité des aliments." Mais Brice Benazzouz est confiant. Le processus reste le même que celui appliqué toute l'année, les bénévoles disposent donc de tout le matériel nécessaire pour que les produits puissent rester aux normes. D'ailleurs, faute d'espace de stockage, les distributions interviennent presque directement après les collectes : "C'est pour cela que les paniers antigaspi de la braderie seront distribués dès le 4 septembre, entre 18 heures et 19 h 30, pour que les aliments conservent leur fraîcheur."
Muni d'un justificatif prouvant son inscription à l'université, chaque étudiant peut se rendre à la distribution du Bazaar, en ayant préalablement rempli un formulaire d'inscription à retrouver sur le site de l'association. "Même si on peut aussi le remplir sur place !", rigole Brice Benazzouz. "On prévoit toujours un peu plus de nourriture car on sait que certains oublient de s'inscrire ou ramènent un ami à la dernière minute."
"Déstigmatiser" la précarité
Selon l'association, 77 % des étudiants bénéficiaires de Linkee ont un reste à vivre de moins de 100 euros par mois. Soit 3,27 euros par jour. "Autrement dit, la somme allouée à la culture et aux loisirs est très restreinte... Surtout depuis l'inflation", commente le responsable de l'antenne de Lille. "Un étudiant bénéficiaire de l’aide alimentaire sur deux a commencé à récupérer des colis alimentaires depuis la hausse des prix."
C'est pourquoi l'association tente d'organiser des distributions dans des lieux culturels, "pour faire d'une pierre deux coups", et proposer aux étudiants des expositions ou des sorties, qu'ils n'auraient peut-être pas pu vivre autrement. L'idée ici est vraiment de "déstigmatiser la précarité", notamment en proposant des distributions "joyeuses" et "bonne ambiance" : "Pendant les distributions, on met de la musique, on danse, on se tutoie... Et surtout, les bénévoles ne sont pas derrière les tables, mais devant, au contact des étudiants", raconte Brice Benazzouz. Cette atmosphère permet de mettre en confiance les étudiants, et d'éviter de créer un sentiment de culpabilité ou de honte.
Et puis finalement, 99% des bénévoles de Linkee sont en fait des bénéficiaires de l'association... Des distributions garanties sans jugement.