À Beauvais, dans le quartier Argentine, des associations récupèrent les invendus en fin de marché. Elles les distribuent ensuite gratuitement à ceux qui n'ont pas les moyens de s'acheter des fruits et des légumes, soit directement, soit cuisinés.
C'est une astuce bien connue de tous ceux qui ont connu des fins de mois difficiles : récupérer les invendus des primeurs pour manger des fruits et légumes sans débourser un centime. Encore faut-il oser demander cette aide, ce qui n'est pas toujours facile. À Beauvais, plusieurs associations travaillent ensemble pour faciliter cette récupération.
Plus de 150 kg de nourriture récupérés
Les bénévoles vont récupérer les cagettes d'invendus auprès des marchands et installent les produits sur un stand. "On redonne un peu de dignité en les mettant sur un stand, vraiment identifié comme un stand", estime Marianne Seck, bénévole à l'association Collembole et conseillère municipale (LFI). Un coup de pouce plus que bienvenu en cette période d'inflation, d'autant plus dans le quartier Argentine, où le taux de pauvreté avoisine les 50 %. "C'est bien, au lieu que ce soit jeté, on va les utiliser pour manger, ça aide les familles", confirme une bénéficiaire venue récupérer de la pastèque et des courgettes.
Après chaque marché, entre 150 et 190 kg de marchandises sont récupérés. Objectif : jeter le moins possible. "L'idée, c'est de distribuer ces produits encore consommables à des personnes qui en auraient besoin, ou parce qu'elles ont des sensibilités écologiques. Certaines associations vont ensuite cuisiner ce qui n'a pas été pris par les personnes. Quand on a de grandes quantités de certains produits, elles vont faire des compotes, des confitures, des sauces, des choses comme ça."
Danielle Fourre, bénévole à l'association L'écume du jour, s'attelle à la préparation des restes. "J'ai appris quand j'étais petite que tout se récupérait ! Sinon, c'était pour faire du compost, raconte-t-elle. Là, j'ai trié les pommes de terre pour voir s'il n'y en avait pas des vraiment amochées, et j'ai aussi trié les fruits, pour tout de suite séparer la matière perdue de la matière encore utile. Une fois lavé et épluché, ça peut faire une bonne compote, un fond de tarte ou autre chose. Et les tomates pourront faire une bonne sauce ou un coulis pour mettre sur une pizza !"
Le tri des biodéchets, bientôt obligatoire
Cette initiative permet par ailleurs à la collectivité de préparer les obligations prévues de la loi transition énergétique. "On évalue ce qui reste en déchets, ce qui n'est vraiment pas consommable, et ça va permettre à la communauté de communes d'identifier la quantité de biodéchets restants, parce qu'à partir du 1er janvier 2024, on a l'obligation de tri des biodéchets, précise la conseillère municipale Marianne Seck. Donc ça permet de savoir ce qu'on fait, est-ce qu'on installe un site de compostage, où est-ce qu'on les traite d'une autre manière ?"
Cette loi prévoit que les collectivités territoriales mettent à disposition de tous les ménages une solution pour trier leurs déchets alimentaires. À l'heure actuelle, chaque habitant jette en moyenne 83 kg de déchets par an.
Avec Sophie Picard / FTV