Depuis la rentrée, une nouvelle classe a été créée au sein de l'école Jean Rostand de Leforest (Nord). Une classe pour des enfants extra ordinaires. Des petits écoliers heureux d'aller à l'école avec les copains, eux qui souffrent de polyhandicap. Un modèle d'inclusion qui pourrait en inspirer d'autres.
De grands yeux joyeux, des sourires jusqu'aux oreilles. Dans la classe de Maxime Helin, les enfants vont de découverte en découverte. Habituellement, ils sont en classe à l'institut d’éducation motrice (IME) Les Cyclades, de Leforest. Mais depuis quelques mois, changement de décor. Tous les matins, c’est dans une classe de l’école du quartier voisin que se déroulent les séances.
Ils sont accompagnés par leur professeur et une éducatrice. Les repères sont importants à cet âge-là. Et puis, ils ont besoin d'un accompagnement adapté pour les apprentissages. Aller à l'école, comme les autres, n'était si évident pour eux. Leur professeur témoigne : "Ce que je fais ici je pourrais le faire à l'IEM. Mais, à nos enfants ça leur apporte énormément au niveau social. Ils ont des comportements différents qu'on n'observe pas à l'IEM. Ici, ils vont avoir un comportement qui vient se calquer, qui leur apporte plus de calme et de sérénité. Ils vont être aussi habitués à pleins de stimuli auxquels ils n'ont pas l'habitude, parce qu'on les surprotège. La culture de la différence, c'est une chance qu'ils soient ici (...) pour les autres classes et pour nous".
Apprendre d'eux
Cette classe, nommée Unité d’Enseignement pour les Elèves Polyhandicapés (UEEP) est une des premières des Hauts de France dédiée à l’accueil d’enfants en situation de polyhandicap dans l’école de quartier.
Maxime Hélin raconte : "Chaque élève a sa particularité, son trouble. Oui, Il faut s'habituer. J'ai été le premier à apprendre d'eux avant de leur apprendre. Je suis arrivé sur le poste je me suis dit : ça va être compliqué. Le lendemain, je me suis dit, non, on y va et on apprend à les connaître. Je pense que le mot le plus important est l'empathie. Il faut les comprendre, parce qu'ils ne savent pas s'exprimer. Il faut se mettre à leur place, il faut essayer de ressentir ce qu'ils ressentent. Il faut dire à leur place alors qu'ils ne savent pas dire. C'est compliqué dans ma pédagogie, on teste, on cherche, on n'avance pas aussi vite qu'on aimerait, mais c'est ainsi que ça doit aller".
Le mot le plus important est l'empathie. Il faut les comprendre, parce qu'ils ne savent pas s'exprimer. Il faut se mettre à leur place, il faut essayer de ressentir ce qu'ils ressentent. Il faut dire à leur place alors qu'ils ne savent pas dire.
Maxime Hélin, professeur des écoles
S'ouvrir aux autres
À la récréation, c'est là que les enfants de toutes les classes se retrouvent. Enfants ordinaires et extraordinaires. Petit à petit, le handicap et les différences s’estompent, de nouveaux liens se créent.
Le papa de Joséphine, Olivier Jager, constate les progrès réguliers de sa fille : "En termes de socialisation, elle se rapproche beaucoup plus des autres, des autres enfants et même de nous. Depuis qu'elle peut côtoyer le monde, on voit qu'elle s'ouvre beaucoup aux autres".
Depuis qu'elle peut côtoyer le monde, on voit qu'elle s'ouvre beaucoup aux autres.
Le papa de Joséphine
Grâce à cette nouvelle classe, cette école, qui travaille depuis longtemps avec l’IEM, fait un pas de plus vers l’inclusion scolaire des enfants en situation de polyhandicap. Un gagnant-gagnant pour la directrice de l'école, Cécile Kudrawiec. "On voit des élèves de l'IEM qui viennent avec le sourire .Et nous à l'inverse, on a des élèves qui sont encore distants et d'autres qui sont contents d'aller travailler avec la classe de Monsieur Helin, ça devient un plaisir pour tout le monde !" se réjouit-elle.
Un exemple à suivre ?
Une richesse qui pourrait être partagée dans d’autres écoles. L’association Cazin Perrochaud qui gère les IEM y est favorable mais toujours en collaboration avec l'éducation nationale. Ludovic Bridou, le directeur du département enfant de l'association explique : "Si la directrice de l'école et les enseignants ne souhaitaient pas qu'on soit présent ; si la municipalité n'avait pas mis 2 classes à disposition pour qu'on puisse s'installer, effectivement, ce n'est pas possible".
Un développement que l’Agence régionale de santé se dit prête à accompagner financièrement dans les Hauts-de-France.