Ces 9 et 10 novembre 2024, la 4ᵉ édition du Chti Bazar réunit tous les passionnés des arts du fil à Villeneuve d'Ascq. Parmi le millier de visiteurs, toujours plus nombreux sont les amateurs de crochet, un loisir créatif qui semble renaître de ses cendres. On vous explique.
Fini la réputation de passe-temps réservé aux personnes à la retraite, le crochet revient à la mode et séduit toujours plus de jeunes. En témoigne l'organisation de la quatrième édition du Chti Bazar de Villeneuve d'Ascq les 9 et 10 novembre 2024, qui met à l'honneur les arts du fil.
Lolita, cocréatrice de l'événement, témoigne de ce regain d'engouement. "Sur 42 exposants dans notre festival, on en a 5 ou 6 spécialisés dans le crochet". Mais visiblement, ce compte n'est pas suffisant, "on a eu beaucoup de demande de la part des visiteurs, pour la prochaine édition, on va essayer de capter plus de spécialistes crochet". Pour elle cela ne fait aucun doute, le nouveau cœur de cible de ce loisir créatif : la jeunesse !
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Rien que sur TikTok, le hashtag #crochet cumule 6,8 millions de vues. On retrouve par exemple des vidéos tutorielles, des inspirations ou des conseils pour réaliser des objets toujours plus surprenants en crochet. Nous avons tenté de décrypter les ressorts de cette tendance.
"Il y a une vraie demande"
En réunissant des dizaines d'acteurs spécialisés dans la vente de laine, la confection de patrons, mais aussi dans la vente d'accessoires de tricot et de crochet, le Chti Bazar est le lieu de rendez-vous bi annuel de tous les amateurs d'arts du fil. Plus de 1000 visiteurs sont attendus sur le week-end.
Avec ce festival, "on voulait créer un événement qui rassemble, un événement convivial autour de cette passion. On est nombreux à partager nos créations sur Instagram, mais on n'a pas beaucoup d'occasions de se retrouver", raconte Lolita. Suivie par 13 900 personnes sur sa page Instagram, du haut de ses 28 ans, elle fait partie de ces jeunes qui modernisent les arts du fil.
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Avec le Chti Bazar, elle propose par exemple aux visiteurs de tricoter ou crocheter le temps d'une soirée en "buvant des bières", deux mondes a priori étanches, qui se rejoignent finalement. Mais la modernisation du crochet ne s'arrête pas là. Elle raconte : "on n'est plus sur les modèles tricot Phildar de nos grands-mères, aujourd'hui, on a des couleurs et des modèles plus pep's !"
Fini les napperons et autres rideaux passés de mode, donc. Aujourd'hui, on crochète des vêtements tendance, des sacs, mais aussi des peluches pour les enfants ou à l'effigie des héros d'animés japonais. La seule limite de la création étant l'imagination.
On a vu un vrai retour d'engouement au moment de la covid, les gens se sont remis à faire beaucoup de choses chez eux.
Lolita alias "Lolilafee"Co-créatrice du Ch'ti Bazar
"On a vu un vrai retour d'engouement au moment de la covid, les gens se sont remis à faire beaucoup de choses chez eux" raconte Lolita qui a appris le crochet avec sa grand-mère.
Pour perfectionner sa technique, elle a pu compter sur les tutoriels disponibles en masse sur le web. Aujourd'hui, les deux créatrices du Chti Bazar vivent de leur passion et vont bientôt ouvrir un point de vente pour leurs créations à Lambersart (Nord) au mois de janvier 2025.
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"Il y a tellement de possibilités"
Pauline Baert, bientôt 33 ans et maman d'une petite fille de 3 ans et demi crochète plus de 45 heures par semaine. Habitante de Mons-en-Baroeul, elle aussi a fait de cette passion un métier.
Sur Instagram, elle se présente sous le pseudonyme "Ma mini maille" et partage avec sa communauté de près de 2000 abonnés ses créations en crochet. Sacs, bonnets, peluches, toutes ses idées prennent vie avec quelques brins de fil et de l'huile de coude. Sur ses réseaux, elle s'amuse par exemple à partager des pâtisseries en crochet.
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Si sur sa boutique en ligne, elle propose de nombreux services à destination des amateurs de crochet. Pauline a appris toute petite, elle aussi, auprès de sa grand-mère. "Elle vivait chez mes parents, j'ai passé beaucoup de temps avec elle et je la voyais tout le temps avec des aiguilles ou un crochet, j'étais curieuse et je lui ai demandé de m'apprendre." Comme beaucoup, ses débuts ont été tâtonnants, mais à force de pratique, Pauline a perfectionné son crochetage.
On voit aussi plus de monde en faire dans les lieux publics
Pauline Baert"Ma mini maille" sur Instagram
"Depuis 4/5 ans, on voit pas mal de personnes qui s'y mettent", constate la créatrice, "on voit aussi plus de monde en faire dans les lieux publics, c'est un déclencheur de conversation, c'est chouette. Les gens ont l'air contents de voir des jeunes s'intéresser à une activité que faisaient leurs grands-mères". Selon elle, le crochet séduit toujours plus les 20-35 ans. "Il y a un gros regain chez ces jeunes, qui se penchent plus sur la seconde main et sur le local. Ce qui leur plaît, c'est que c'est personnalisé de A à Z."
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Ce phénomène de modernisation de la discipline, elle en témoigne même lorsqu'elle ne crochète pas, "l'été quand je fais du shopping, je vois des vêtements en crochet en vitrine. Ça s'est dépoussiéré et ça attire un public beaucoup plus jeune."