Nous sommes le 20 décembre, J-4 avant Noël ! Le Père-Noël est en chemin avec son traîneau, à Saint-Omer, le facteur se déplace avec sa barque.
C'est bien connu, les facteurs se déplacent à vélo ou en voiture. Dans le nord de la France, sur les canaux de l'Audomarois, il y en a un qui se déplace en barque. Un des derniers à se déplacer ainsi. Une rencontre ressourçante pour les habitants du marais.
Arnaud Prévost, facteur, n'a pas choisi le vélo pour sa tournée. Quelles que soient les conditions météorologiques, c'est en bateau qu'il distribue le courrier. Sur le marais audomarois en effet, c'est assez unique. La barque est presque le seul moyen de locomotion. Et pour un facteur, éviter les branches et viser juste, cela demande un peu plus de souplesse et de dextérité.
"Réussir à bien viser la boîte, ça fait déjà partie du métier de base, c'est notre quotidien," décrit-il la main sur le manche du gouvernail. "Ce qui change, c'est vraiment le moyen de locomotion qui est atypique."
Le marais et ses canaux, des kilomètres de voies navigables, de dédales, que le facteur emprunte chaque jour. Au milieu de l'eau, entre deux rives, il n'y a aucun nom de rue, pas même de numéro. Arnaud doit faire confiance à sa mémoire et sa connaissance des lieux.
" Il y a des lieux-dits, parce que cela correspond à des lieux-dits existant sur la terre ferme," explique-t-il. "Ici, il y a cinq communes différentes, donc ça permet de se repérer les premières fois. On sait que tel endroit se situe dans telle direction. Sinon il n'y a rien du tout. Il faut se repérer à l'expérience et au nom et prénom des gens."
C'est important de garder ce lien. C'est tellement particulier comme endroit qu'il faut savoir le préserver.
Arnaud PrévostFacteur dans les marais de Saint-Omer
Une partie des habitations n’est accessible que par l’eau. Certaines disposent au mieux d'un petit chemin d'accès à la terre ferme. Ici, le facteur est presque l'unique visiteur de la journée. Seul contact pour beaucoup d'habitants, presque isolés du monde.
"À notre âge, c'est vraiment rassurant de savoir que quelqu'un va passer," confie une habitante du marais."Si on tombe, si on a besoin de quelque chose, on peut lui transmettre, il va le faire."
Le facteur approuve : "Il n'y a pas grand monde qui passe par ici, donc bien souvent, avec le bruit du moteur, les habitants nous entendent arriver. Plusieurs s'approchent, on prend le temps de discuter cinq minutes, parce que vraiment tout le monde a le temps. C'est important de garder ce lien. C'est tellement particulier comme endroit qu'il faut savoir le préserver."
Et c'est ainsi tous les jours, lettres, colis, en toute saison. Si les conditions sont idéales en plein été, l’hiver, le vent, la pluie ne le découragent pas. Arnaud, comme ses autres collègues facteurs au fil de l'eau, ne troquerait son bateau jaune pour rien au monde.
Avec Patricia Campagne
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