Sept éoliennes vont sortir de terre à Ribécourt-la-Tour, à l'endroit exact de la bataille de Cambrai qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts en 1917. Un projet qui fait scandale auprès des riverains dont certains estiment que les fouilles archéologiques n'ont pas été correctement menées.
Avec 44 000 morts et blessés côté britannique, 45 000 côté allemand, la bataille de Cambrai a marqué un tournant décisif dans la Première guerre mondiale. "Il y avait neuf bataillons de chars et 476 tanks", énumère Philippe Gorczynski, président de l'association du Cambrai Tank.
Et c'est ici, en plein cœur de ce champ de bataille, que sortiront de terre sept éoliennes. Pour ce passionné d'histoire, c'est le projet de trop : "[Ce parc] sera à l'emplacement du bataillon H, le bataillon du général. On ne peut pas être plus au milieu du champ de bataille, ce n'est pas possible".
Il y a 20 ans, à cet endroit, il a retrouvé un char, vestige de la première guerre mondiale. Une pièce unique en France : "On a carrément fait l'impasse sur l'archéologie complète du site. On aurait dû obliger ces entreprises à faire des fouilles, estime ce passionné d'histoire, fervent opposant au projet. On oblige parfois des particuliers à mener des fouilles et on laisse faire des grosses entreprises qui ont les moyens".
Cambrai Tank 1917
Un public nombreux cet après-midi à Flesquières pour écouter l'hommage à l'équipage de Deborah par Pierre Pavy et Tim Heap
Un moyen d'équilibrer les budgets
Point de vue partagé par le président de l'agglomération qui aurait souhaité plus de concertation des communes : "Ce n'est pas normal que l'agglomération ne soit pas consultée, confirme François-Xavier Villain, président UDI du comité d'agglomération de Cambrai. Chaque maire fait ce qu'il veut dans son coin sans se soucier de la commune voisine, alors que souvent elle en « bénéficie ». Il devrait y avoir un schéma intercommunal."
Pour l'entreprise Boralex, en charge du projet, la réglementation a été suivie à la lettre. Autre projet similaire, dans une commune voisine, à Inchy-en-Artois dans le Pas-de-Calais. Chaque année, ce seront 100 000 euros qui viendront grossir le budget du village grâce à six nouvelles éoliennes.
"Les budgets sont toujours à la restriction avec les dotations qui baissent donc ça permettra d'équilibrer les finances de la commune. Pourquoi on refuserait des éoliennes en sachant que dans les villages à côté il va en avoir, donc l'impact visuel est le même et on n'a pas les retombées économiques, demande Michel Rousseau, maire LREM d'Inchy-en-Artois. On aurait été bêtes de ne pas l'accepter."
Au 1er février 2018, plus de 2 300 mats surplombaient la région Hauts-de-France. C'est celle qui accueille le plus d'éoliennes dans l'Hexagone.