Une pédiatre de l'hôpital de Cambrai condamnée à 18 mois de prison avec sursis pour le décès de la petite Maréva

La défense a reconnu une "erreur de diagnostic" pendant la nuit où la fillette est décédée.

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Une pédiatre de l'hôpital de Cambrai (Nord) a été condamnée mardi à 18 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire, après la mort en 2016 d'une fillette de trois ans dans son service, a-t-on appris auprès du parquet.

"Nous espérons que cette décision permettra à la pédiatre de comprendre les fautes qu'elle a commises" et de changer ses pratiques, a réagi auprès de l'AFP l'avocat de la famille de la petite Maréva, Christophe Donnette, jugeant cette décision "satisfaisante" puisqu'elle reconnait le "principe de culpabilité".

"Très exceptionnel"

"Une condamnation pénale d'un médecin, c'est quelque chose de très exceptionnel, à la hauteur de la faute commise", a-t-il estimé.

Dans la nuit du 8 au 9 mars 2016, Maréva, trois ans, avait été conduite en ambulance à l'hôpital aux alentours de 1H30, pour des vomissements et des douleurs abdominales. Retrouvée en arrêt cardiaque vers 08H30, elle était décédée malgré une heure de réanimation.

Selon les trois expertises médicales ordonnées, elle serait morte d'un état de choc, d'un mégacôlon toxique ou d'un volvulus du grêle. Les hypothèses n'ont pas pu être vérifiées, la famille ayant refusé l'autopsie.

Cette nuit là, contrairement au protocole, l'infirmière d'accueil et d'orientation ne mesure pas les constantes à son arrivée, prétextant qu'elle a peur. Maréva part donc en pédiatrie, sans voir de médecin urgentiste. 

"Pour moi, elle n'allait pas mourir"

À cette époque, deux pédiatres se relayent pour les astreintes de nuit, à leur domicile, contre quatre théoriques. Inquiète de l'état de Maréva, une interne de médecine générale appelle la pédiatre sénior d'astreinte, qui la renvoie vers le chirurgien d'astreinte, qui raccroche, considérant que si la pédiatre ne s'est pas déplacée, il n'a pas à intervenir.

Rappelée, la pédiatre arrive finalement vers 03H45, ausculte l'enfant et appelle le radiologue d'astreinte, qui ne se déplace pas. À défaut de scanner, des radios sont réalisées. La pédiatre repart chez elle vers 04H30, et demande de poursuivre la surveillance.

"Pour moi, elle n'allait pas mourir. Elle est en soins continus, avec un scop", s'était effondrée la prévenue à l'audience, en larmes. 

Erreur de diagnostic

Reconnaissant une "erreur de diagnostic", l'avocate de la défense, Brigitte Karila, avait insisté sur les "conditions défectueuses" et l'absence de travail d'équipe à l'hôpital. 

Le ministère public avait lui considéré que la docteure avait "involontairement causé la mort en ne prenant pas les mesures qui auraient pu éviter le décès".

Saisi par la famille, le tribunal administratif de Lille a condamné en 2019 le centre hospitalier à des dommages-intérêts. Depuis ce drame, les spécialistes font leur astreinte à l'hôpital.

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