Pollution de l'Escaut : les parcs naturels français et belge portent plainte contre X

Le parc naturel régional Scarpe-Escaut côté français et le parc naturel des plaines de l’Escaut belge ont annoncé qu’ils déposaient ensemble une plainte contre X pour la pollution de l’Escaut en avril dernier, après la rupture d’une digue de bassin chez Téréos.

En avril dernier, plusieurs tonnes de poissons morts avaient été retrouvés dans l'Escaut, fleuve reliant la France et la Belgique.

En cause, un incident survenu à la sucrerie Tereos d'Escaudoeuvre dans la nuit du 9 au 10 avril : la digue d'un bassin de décantation de l'usine s'était rompue, déversant environ 100.000 m3 (l'équivalent de 40 piscines olympiques) d'eau de lavage des betterraves dans les cours d'eau.
 
Selon l'Office français de la biodiversité, en se dégradant dans l'eau, ces matières organiques ont consommé l'oxygène, asphyxé les organismes et ont produit de "l'ammoniac et les nitrites, très toxiques pour toute la faune aquatique".

Déversées dans le fleuve l'Escaut, elles ont provoqué la mort de milliers de poissons, jusqu'en Belgique.

 

Une action commune

Les parcs naturels Scarpe-Escaut en France et plaines de l'Escaut en Belgique forment à eux deux le Parc naturel transfrontalier du Hainaut. Touchés par cette catastrophe écologique, ils ont décidé de porter plainte conjointement contre X.

"Nous avons consulté nos élus et nos partenaires de chaque côté de la frontière et, après une analyse du droit français et du droit belge par un cabinet d’avocats, nous avons choisi de porter plainte conjointement. Cette action en justice commune, en transfrontalier, est une situation jamais vue précédemment par nos deux Parcs", souligne Grégory Lelong, président du Parc naturel régional Scarpe-Escaut.

"Cela fait trente ans que nous avons l'habitude de travailler ensemble, nous savons que l'écologie et l'environnement n'ont pas de frontière", confie-t-il.

Le parquet de Cambrai en France est en charge du dossier. Déjà une dizaine de plaintes contre X ont été déposées, comme celle du maire de Bouchain Ludovic Zientek ou celle des comités des Schémas d’aménagement et de gestion de l’eau (Sage).

Un énorme impact écologique 

La catastrophe avait été qualifiée de "plus gros incident écologique depuis 20 ans" par les écologistes et pour cause, les eaux de l'Escaut accueillent une biodiversité extrêmement riche. Les parcs s'inquiètent des répercussions de cette pollution.

"Nous allons avoir des conséquences sur l'ensemble de l'écosystème. Sur les poissons mais aussi sur les oiseaux piscivores, continue Grégory Lelong, ils vont sans doute aller chercher ailleurs leur nourriture".

"Les eaux regroupent des poissons rares (martins-pêcheurs, anguilles...). Il faut absolument identifier la perte des espèces sur le secteur, tout est à définir et à étudier." explique le président du Parc naturel régional Scarpe-Escaut.

Dans l'attente de réparations

La plainte est aussi un moyen pour les deux parcs de lancer des études globales sur les impacts de cette pollution, "il ne s'agit pas seulement de rempoissoner l'Escaut, il faut prendre en compte l'ensemble de l'écosystème, ce qui nécessite une évaluation à long terme". 

Ils réclament réparation pour le préjudice écologique et des solutions adaptées : "telles que la restauration de berges ou la création de zones de frayères".

L'objet de la plainte est aussi de comprendre ce qui s'est passé, car "même si les indices permettent de cibler Tereos, il faut que l'enquête prouve leur culpabilité ".

Le principe du "pollueur-payeur" pourrait valoir à Tereos une amende allant jusqu'à 1 million d'euros.


 
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