Le Carnaval de Dunkerque bat son plein. Comme chaque année, la plus grande fête du Nord s'étale sur deux mois. Nous avons choisi de nous arrêter sur un élément incontournable : le clet'che, l'habit du carnavaleux. Est-il prêt de votre côté pour Les 3 joyeuses qui se dérouleront du 11 au 13 février 2024 ?
Ne dites pas déguisement ! Le clet'che du Carnaval de Dunkerque, c'est bien plus que cela. C'est une fierté, une identité, un signe de reconnaissance. Et surtout, c'est indispensable !
Une identité
Le clet'che est un mot d'origine flamande. La francisation de "kleden" qui signifie "habiller" ; "kledij" qui signifie "tenue" ou "vêtement". Un mot à part pour un costume à part. "Le cletche, c'est un identifiant", nous explique Gérard Laridan des Corsaires. "C'est quelque chose qui nous permet de nous reconnaître".
Il y a deux catégories en matière de clet'che : les indépendants et les sociétés carnavalesques. Gonzague fait son carnaval depuis 23 ans. Lui est indépendant. "Dans ce cas-là, côté clet'che, c'est open bar. Tu fais ce que tu veux. Tu suis ton inspiration".
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Dans les groupes en revanche, le costume est imposé. C'est par exemple à l'habit de cochon que vous reconnaîtrez le groupe du port de Dunkerque. "Dans chaque commune du Carnaval, il y a un costume spécifique", poursuit Gérard Laridan. "Ceux qui ont le costume sont en première ligne dans leur commune". Et attention à bien suivre les règles : "Dans notre société, on ne peut être habillé en Corsaire que pour le bal des Corsaires. Dans les bandes, on a un autre clet'che. Moi, je suis le curé des Corsaires".
Le style "Ma tante"
C'est l'une des grandes caractéristiques du Carnaval de Dunkerque, même si la tradition se perd un peu. Vous croiserez forcément des hommes habillés en femme. Un héritage, une légende même. Willy Moreews est président de l'association des bals du carnaval dunkerquois (ABCD) : "Avant le départ pour la pêche en Islande, les hommes chargeaient leurs affaires dans les bateaux. Souvent le Carnaval tombait à ce moment-là, alors ils prenaient la vieille robe de la grand-mère".
Une transformation qui permet un certain lâcher-prise. Gonzague trouve l'habit très pratique, presque tout-terrain : "J'ai une robe et un gros manteau de fourrure synthétique. C'est chaud en haut, froid en bas. Ça passe partout !"
Ardennais d'origine, Jean-Luc a été "formé" au Carnaval par un ami dunkerquois. Robe et fourrure pour lui aussi : "Je laisse mon identité derrière moi. Au Carnaval, il n'y a plus de couches sociales, plus de travail".
Et mieux vaut ne pas se tromper au départ, car en principe, vous garderez le même clet'che tout au long de votre vie de masquelours. "Chaque année, ce qui est intéressant, c'est que tu dois l'améliorer", précise Jean-Luc. "Tous les ans, tu rajoutes un détail. J'ai récupéré des chaussons et je les ai mis en épaulettes. On dirait des oreilles de lapins".
C'est ainsi que, d'année en année, les carnavaleux finissent par vous connaître et vous reconnaître. Le temps de la fête, votre costume est une deuxième peau. "Quand ton costume est reconnu, il te permet même d'entrer dans les chapelles", nous avoue Gonzague.
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Accessoires et autres fantaisies
Chapeau, badge, plumes de faisan et autres boas viennent bien souvent agrémenter les tenues. Pour Jean-Luc, "l'élément primordial, c'est le chapeau, mais c'est compliqué de ne pas le perdre !" Pour d'autres, les badges ont, eux aussi, une certaine importance. À la mode depuis une dizaine d'années, ils sont devenus des repères.
Hors de leur cérémonie officielle, les Corsaires portent ainsi un macaron. Le badge est parfois même un précieux sésame. Gérard Laridan raconte : "De plus en plus souvent, les chapelles sont tenues par les entreprises. Ton droit d'entrée peut être un badge ou un bracelet".
Mais surtout, les bals éditent désormais leurs propres badges. "Ça montre que tu as tes entrées", nous explique Gonzague. "Le badge de Copinart, c'est un peu une prise de guerre. Tu regardes les badges et tu vois quels bals la personne a faits".
Autre élément essentiel de l'identité du carnavaleux, le maquillage. "Je ne sais pas très bien le faire", admet Jean-Luc. "C'est un peu grossier". Il y a donc des endroits stratégiques pour se faire maquiller. Le poisson rouge de Dunkerque en est un.
Faut-il laver son clet'che ?
C'est évidemment la grande question quand la saison carnavalesque se termine. Doit-on laver le costume ? En 23 ans, Gonzague l'assure, "je n'ai jamais lavé mon clet'che et il ne sent pas !". Gérard des Corsaires nuance : "C'est une légende. Le costume de carnaval, ça sent !"