Face à des ventes de pizzas en chute libre, le groupe Nestlé a annoncé hier, jeudi 2 mars, une suspension de l'activité à l'usine Buitoni de Caudry (Nord). En réaction, la municipalité et un syndicat se mobilisent pour préserver les emplois de quelque 130 personnes.
"C'est une claque dans la figure. On ne s'y attendait pas. On savait que les consommateurs reviendraient difficilement mais là, ce sont les distributeurs qui ne répondent pas présents", souffle Stéphane Derammelaere, employé depuis 2016 au sein de l'usine Buitoni de Caudry.
À cause de commandes insuffisantes, hier, jeudi 2 mars, le groupe Nestlé a annoncé un arrêt de la production jusqu'au mardi 7 mars. Un calendrier de travail sera ensuite défini pour le reste du mois.
Des employés dans l'attente
Délégué syndical Force ouvrière, Stéphane Derammelaere a assisté à l'annonce au personnel : "C'est peu de colère, beaucoup de larmes et des gens abasourdis… C'est compliqué."
Au lendemain de l'annonce, Frédéric Bricout, maire de Caudry, s'inquiète pour les dizaines de salariés, d'une moyenne d'âge de 45 ans.
Beaucoup de tristesse et de compassion pour les familles de Caudrysiens qui ont fait la renommée de l'usine Buitoni pendant 50 ans.
Frédéric BricoutMaire de Caudry
"Ça va encore nous faire, malheureusement, des familles qui vont être dans la précarité […] le sud du département du Nord est déjà touché par le chômage", ajoute-t-il.
Vers une fermeture définitive ?
Car l'édile craint que la suspension ne soit pas que temporaire. "Ils m'ont dit que dans un mois, ils espèrent retrouver les volumes de productions. Ou, du moins, des volumes permettant de continuer l'activité avec l'effectif actuel."
"Quand j'ai rencontré pour la première fois les dirigeants, suite au problème de la bactérie trouvée dans la pâte, ils m'ont dit qu'ils allaient tout faire pour que l'activité reparte", se souvient-il. "Mais j'avais moyennement espoir."
Stéphane Derammelaere, lui aussi, est pessimiste quant à l'avenir.
Je crains une fermeture définitive, c'est inévitable. Ils ne vont pas s'engager avec les frais, les prix de l'énergie qui augmentent etc.
Stéphane DerammelaereDélégué syndical FO
Trouver une autre production
Frédéric Bricout demande aujourd'hui à Nestlé de "prendre ses responsabilités" et de "trouver une production de substitution" : "Le groupe a fermé des usines en Russie, des usines de Smarties. On leur demande de peut-être venir fabriquer des Smarties dans l'usine Buitoni de Caudry.", ajoute-t-il le plus sérieusement du monde.
Un avis partagé par Xavier Bertrand (président de la région des Hauts-de-France), Christian Poiret (président du département du Nord), Guy Bricourt (député du Nord) et Serge Siméon (Président de la communauté d'agglomération du Caudrésis-Catésis) qui, dans un communiqué commun, exigent des "réponses claires".
Une manifestation est prévue prochainement, mardi 7 mars à 13h30 devant l'usine, pour soutenir les employés.
Le groupe Nestlé, quant à lui, aurait indiqué qu'il communiquerait sa décision sur le devenir du site, au maximum le 30 mars.