"Cet argent ne va pas dans la poche des actionnaires" : le président de Decathlon répond aux critiques après le versement d'un milliard d'euros à l'Association familiale Mulliez

Dans une interview accordée à La Voix du Nord, Fabien Derville justifie la stratégie de l'entreprise. "Des éléments langage et de la démagogie", selon les syndicats.

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"Ce Monsieur se moque du monde". Le délégué syndical central CFDT de Decathlon n'y va pas par quatre chemins. Sébastien Chauvin n'apprécie pas les justifications du président de l'enseigne, "Fabien Derville fait sortir l'argent de l'entreprise, un milliard d'euros tout de même, il le donne aux actionnaires et nous dit ensuite que ça ne va pas dans leur poche. Où va l'argent alors?"

Le patron de la marque d'articles de sport reste vague à ce sujet : "l'objectif est de créer de la valeur. Et créer de la valeur pour nous, c’est créer des emplois." De quoi agacer le syndicaliste qui dit demander depuis octobre une revalorisation des plus bas salaires, suivant l'augmentation du SMIC, "on nous renvoie à une hypothétique réunion en janvier l'année prochaine".

Eux, ils font une assemblée générale le jeudi, le versement est effectif le lundi. Là, ça va beaucoup plus vite!

Sébastien Chauvin, délégué syndical central CFDT de Decathlon

Le "trésor de guerre" de Decathlon

Le patron de la marque justifie ce mécanisme de dividendes : on a construit un "trésor de guerre" et on le distribue à d'autres enseignes du groupe. Sous-entendu, la marque sportive n'a pas besoin de ce milliard car elle est "en croissance (...) profitable et rentable".

Des propos choquants pour le syndicaliste car selon lui, tous les signaux d'une entreprise qui va mal sont allumés : 

  • un chiffre d’affaires qui diminue en France d'année en année
  • une baisse de la surface des magasins : 2000 m² en moins à Campus, selon Sébastien Chauvin
  • des effectifs qui réduisent chaque année : "1000 emplois à temps complet en moins sur toute la France"

Le responsable CFDT met aussi en avant le dernier plan proposé par la direction pour ce mois de décembre : "vous n'avez pas entendu parler du projet Usain Bolt ?", s'amuse-t-il, à savoir la possibilité pour des salariés du siège de basculer à la vente en magasin. "C'est ce qu'ils appellent "la dernière ligne droite" avant les fêtes ou comment faire des économies de main-d’œuvre en faisant travailler des comptables ou chefs de produit le samedi et le dimanche."

Manifestation ce samedi

Pour faire entendre la voix des salariés, les syndicats appellent les 20 000 salariés à faire grève ce samedi 7 décembre, partout en France.

Comment peut-on cautionner que Decathlon, enseigne du groupe, puisse verser une somme pharaonique de dividendes et qu'Auchan, enseigne du même groupe, puisse massacrer la vie de milliers de personnes en supprimant 2 400 emplois?

CGT Services

AFP

Le patron de Decathlon reconnaît en effet que "le momentum n'était pas idéal au niveau médiatique". Pas idéal et surtout récurrent car, selon le représentant CFDT, les versements aux actionnaires se multiplient ces derniers mois : "ils nous ont déjà ponctionné 800 millions d'euros en juin 2023, s'agace Sébastien Chauvin, à nouveau 400 millions cet été et maintenant un milliard. Tout ça pour quoi? On ne remarque rien pour l'emploi en tout cas ! Ils continuent de se moquer des salariés."

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