Les GEIQ sont des associations qui aident les personnes les plus éloignées de l'emploi à se professionnaliser à travers des contrats d'alternance. Mais ce groupement d'entreprises craint de perdre son équilibre financier depuis que l'État a mis fin à une aide de 6000 euros, visant à prendre en charge les frais de formation des candidats.
Les GEIQ sont des groupements d'entreprises qui permettent aux personnes éloignées de l'emploi de se réinsérer professionnellement. Personnes sans qualification, au chômage depuis longtemps, qui cherchent un métier pour lequel il n'existe plus de formation, des jeunes, des moins jeunes... Tout un panel de profils que les GEIQ (Groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification) accompagnent dans un parcours de formation, en alternance.
L'idée est de donner à ces personnes toutes les clés pour qu'elles obtiennent de nouvelles compétences, en se formant à 75% au sein d'une entreprise et favoriser l'embauche à la fin de leur contrat d'apprentissage ou de professionnalisation.
La fin d'une aide de 6000 euros
Ces associations, au nombre de 22 dans les Hauts-de-France, permettent donc de lutter contre le chômage et, d'une certaine façon, contre la précarité puisqu'elles prennent en charge l'entièreté des coûts de formation via une aide de 6000 euros versée par l'État pour chaque contrat... Du moins jusqu'au 1er mai 2024.
En effet, un décret publié récemment a annoncé la fin de l'aide versée aux GEIQ concernant les contrats de professionnalisation, dits "contrats pro", dans le cadre du plan d'économie de l'État, qui cherche à réduire sa facture de 10 milliards d'euros.
Une décision que Reynald Simon, animateur du comité régional des GEIQ dans les Hauts-de-France comprend, mais déplore, avec inquiétude : "Sans cette aide, nous devrons refacturer les frais de formation à l'entreprise. Pour certaines boîtes ça peut devenir un coût important dans leur équilibre et les jeunes les plus en difficulté seront de nouveau les plus touchés."
Sans cette aide, nous devrons refacturer les frais de formation à l'entreprise. Pour certaines boîtes ça peut devenir un coût important dans leur équilibre.
Reynald Simon, animateur régional
72 % d'embauche après formation
Dans la région, les GEIQ ont accompagné 2500 personnes en 2022, avec un taux de réussite de 91 % à leurs examens. Parmi les sortants du dispositif, 72 % ont été embauchés à l'issue de leur contrat. Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes, et montrent l'efficacité de cette association. Une efficacité qui risque malheureusement d'être compromise sans ces 6000 euros pour peser dans la balance.
"On nous a annoncé la fin de cette aide de façon si abrupte que certains recrutements, qui devaient être signés après le 1er mai, devront être annulés, mettant les candidats et les employeurs en difficulté", rapporte Reynald Simon, en expliquant que l'équilibre financier de l'association est également mis en péril.
On nous a annoncé la fin de cette aide de façon si abrupte que certains recrutements, qui devaient être signés après le 1er mai, devront être annulés, mettant les candidats et les employeurs en difficulté.
Reynald Simon
Pourtant ce groupement d'entreprises permet de participer à des projets d'ampleur, ambitieux, que les Hauts-de-France entreprennent depuis des années comme la réindustrialisation de Dunkerque, du bassin de l'Artois, ou la consolidation du parc immobilier de la métropole de Lille. "Face à tout ça on arrive avec une solution technique à court terme dans laquelle tout le monde est gagnant. Services de l'emploi, entreprises, candidats, aide sociale... Des acteurs essentiels, et tout particulièrement dans les Hauts-de-France."
Au dernier trimestre de 2023, le taux de chômage avait augmenté de 0,1 % dans la région selon l'Insee, s'établissant à 9,3 %.