Les entreprises de sécurité privée auront besoin de bras pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, mais aussi de truffes ! Des chiens spécialisés dans la détection d'explosifs seront utilisés. Dans l'Oise, un centre de formation prépare les binômes maître et chien à passer la certification "Cynotex", désormais obligatoire pour exercer.
Un par un, les chiens explorent la pièce d'exercice, passant leur truffe sur tout le mobilier, à la recherche d'engins explosifs dissimulés. S'ils sentent quelque chose, ils doivent "marquer" leur trouvaille, c'est-à-dire l'indiquer en s'asseyant ou en se couchant, et regarder leur maître.
La sécurité privée en compléments des forces de l'ordre
Une technique bien spécifique qu'ils apprennent dans un centre de formation spécialisé dans la sécurité à Sérifontaine, dans l'Oise. Jean Nogueras, qui travaillait jusqu'ici en montagne avec Osgor, son berger allemand, a dû s'adapter. "La technique de travail en avalanche est complètement différente de la détection d'explosifs. En avalanche, le chien va marquer par le grattage et l'aboiement pour nous informer qu'il y a une victime, mais avec les explosifs, bien sûr, ça n'est pas possible de gratter ou d'aboyer. Il a donc fallu la première semaine le déconditionner de ce mode de marquage pour lui apprendre la nouvelle méthode", explique-t-il.
S'il ne voulait plus de cet emploi saisonnier, Jean souhaitait continuer de travailler avec Osgor. C'est donc tout naturellement qu'il s'est tourné vers cette formation. "Les Jeux olympiques ont été un élément déclencheur, car les services de l'État ont en moyenne 300 chiens et on savait que pour les JO, ils cherchaient à compléter ce pool de chiens en détection d'explosifs en ouvrant les portes à la sécurité privée", précise le maître-chien.
Une certification spécifique
Le ministère de l'Intérieur a rendu obligatoire, à partir du 31 mars 2024, la certification "Cynodex", valable pour une durée d'un an renouvelable. Elle est donc désormais indispensable pour travailler sur les événements à venir. Pour valider leur diplôme et obtenir le précieux sésame, les stagiaires devront passer un examen à Biscarrosse, dans les Landes, à la fin de leur formation. La demande étant croissante, s'ils décrochent cette certification, les maîtres-chiens sont assurés d'avoir un emploi à la clé. Et bien sûr des chances d'être affectés sur les sites des Jeux olympiques.
Yohan y compte bien. Il a déjà la certification avec sa chienne Mystic, mais pour la conserver, le binôme a l'obligation de venir s'entraîner quatre heures chaque mois. "L'objectif, c'était de terminer la carrière de la chienne avec la certification, et sur les Jeux olympiques si possible, confie-t-il. Après, il faudra commencer à prévoir la retraite, on ne va pas l'user au travail. Si elle a les capacités physiquement de refaire une année, on le fera, mais quand elle dira stop, ce sera stop."
Il y a un vrai travail de psychologie sur le chien, et c'est ça qui me passionne.
Laura Régis, maître-chien
Laura Régis aussi aimerait travailler sur les Jeux de Paris avec Shiva, sa chienne, mais elle voit encore plus loin. "Les JO, c'est le principal objectif, mais c'est vraiment un tremplin pour le reste, car ces chiens sont demandés pour beaucoup d'événements." Si elle travaille avec des chiens depuis sept ans déjà, la détection d'explosifs lui offre une nouvelle perspective de carrière, et lui permet de se rapprocher encore un peu plus de sa chienne.
"On travaille vraiment ses capacités cognitives, on l'aide à s'orienter dans l'environnement, mémoriser les odeurs... Et c'est à nous de pouvoir dire si le chien marque à tel ou tel endroit. Il y a besoin d'avoir une bonne lecture du chien, et il faut que le chien s'exprime vraiment bien, donc ça rend la relation plus forte, précise-t-elle. Il y a un vrai travail de psychologie sur le chien, et c'est ça qui me passionne."
Au total, la formation dure trois mois. À l'issue, les chiens sauront reconnaître quinze substances explosives.
Avec Camille Di Crescenzo / FTV