Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad, dans la nuit du 7 au 8 décembre 2024, la communauté syrienne célèbre la liberté retrouvée de son pays. Et se rassemble pour penser l'avenir de Damas.
Les drapeaux blanc, vert et noir aux étoiles rouges s'agitent au rythme de musiques traditionnelles syriennes. L'heure est à la communion et à la commémoration, ce dimanche 29 décembre 2024, place de la République à Lille.
Initié par la communauté des syriens du Nord, ce rassemblement n'est pas le premier depuis l'annonce de la fin de la dictature de Bachar al-Assad. Voilà près de trois semaines que l'on fête, rit et pleure la victoire, enfin, de quatorze années de révolution.
"Nous n'oublions pas les victimes tombées pour que nos voix puissent s'élever libres"
Devant la quarantaine de personnes qui l'encercle, le speaker prend la parole. En arabe, et en français. "Nous n'oublions pas les victimes tombées pour que nos voix puissent s'élever libres. Ni toutes celles qui ont souffert. Nous ne vous oublierons jamais".
Parmi les pancartes brandies en solidarité aux victimes du régime, il y a celle de Moufed, accompagnée d'une photo : celle de son frère, Salem, arrêté par le régime syrien en 2014 alors qu'il était étudiant. Moufed a longuement cherché son frère, disparu dans les prisons du régime. Lorsque Damas est libéré, il apprend sur Internet le décès de Salem, près de la capitale. "On ne sait pas où il se trouve maintenant", confie-t-il. Il évoque les 100 000 prisonniers morts de la prison de Saydnaya, aussi appelée "l'abattoir humain", où son frère aurait été détenu.
"Justice oui, vengeance non"
Dans la ronde formée par la foule, les affiches dessinées à la main alignent le même message. "Solidarité et espoir pour la Syrie", "Justice oui, vengeance non", "Pour une Syrie libre, et pour tous ses enfants".
Ghufran est en France depuis 2017, mais une partie de sa famille est toujours en Syrie. Son enthousiasme laisse la place aux doutes sur l'avenir de son pays d'origine. "On ne sait pas à quoi va ressembler la future Syrie, mais on espère que ce sera mieux" souffle-t-elle.
Les danses et les chants animent la place de la République. Le rassemblement est immortalisé sur les téléphones des petits et grands.
"La victoire ne sera complète que si nous construisons un État démocratique basé sur la justice et le respect de la loi". La phrase a résonné lors du premier discours, et semble trouver son écho chez les membres de la communauté réunis sur la place.
Bachar al-Assad, surnommé "Le boucher de Damas" est pour l'heure réfugié en Russie, où il a obtenu l'asile politique pour lui et sa famille.