COP15 : Quelles sont les espèces animales et végétales menacées dans les Hauts-de-France ?

La conférence des Nations Unies sur la biodiversité, COP15, a débuté à Montréal (Canada) mercredi 7 décembre, alors que le vivant connaît un déclin sans précédent. Dans les Hauts-de-France, des centaines d'espèces animales et végétales sont menacées.

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Qu'ont en commun le chevalier gambette, un oiseau limicole, le peucédan herbe aux cerfs, une plante à fleurs et la ronce des rochers ? Ils sont en voie de disparition.

Insectes, mammifères, araignées, oiseaux ou plantes, 789 espèces animales et végétales des Hauts-de-France sont menacées, selon l'Inventaire national du patrimoine naturel.

Des plantes vont disparaître dans les 5 à 10 ans

Elles sont classées en trois niveaux de risque : vulnérable, en danger et en danger critique. Les statistiques donnent la mesure de la catastrophe : une espèce sur quatre relève de la dernière catégorie et risque de disparaître du territoire dans les cinq à dix ans.

C'est le cas de la cigüe vireuse, une plante de la famille des carottes, qu'on trouve dans les marais de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais et de Saint-Quentin dans l'Aisne. Pour tenter d'inverser son déclin, des graines ont été cultivées au Conservatoire botanique national de Bailleul, puis replantées dans son milieu naturel. "Nous nous sommes rendus compte que les ragondins la mangeaient. Nous avons installé des grilles autour des plants et la présence de la cigüe vireuse est repartie à la hausse", se réjouit Jean-Christophe Hauguel, directeur adjoint du Conservatoire botanique, avant de relativiser le succès de l'opération : "Nous avons réussi à identifier le coupable, mais ce n'est pas toujours le cas".

Les menaces ne se limitent pas aux prédateurs : l'abandon du pâturage et de l’embroussaillement des pelouses et des marais, la disparition des prairies avec le développement de l'agriculture intensive, le comblement des mares, l'utilisation des herbicides ont fait mal aux espèces animales et végétales. Elles souffrent également du climat, qui se réchauffe dans les Hauts-de-France, comme partout dans le monde.

Un bon exemple se niche dans les tourbières de la vallée de la Somme : la fougère à crête. La dryopteris cristata, de son joli nom latin, aime ces milieux humides. Malheureusement, sous l'effet conjugué du coup de chaud planétaire, de la pollution agricole et d'anciennes modifications de l'écoulement du fleuve, les tourbières s'assèchent et laissent de plus en plus la place à des zones boisées : "Nous travaillons avec le Conservatoire des espaces naturels pour remettre du pâturage dans ces secteurs et redonner de l'espace à la fougère à crête", explique Jean-Christophe Hauguel.

1 500 espèces végétales indigènes

Sauver la fougère ou la cigüe peut sembler futile à l'échelle des enjeux climatiques mondiaux. C'est pourtant essentiel. Selon le Conservatoire botanique national de Bailleul, les Hauts-de-France comptent 1 500 espèces végétales indigènes qui bordaient déjà nos prairies au Moyen-Âge. Au fil des siècles, elles ont développé un patrimoine génétique rare qui peut permettre d'en renforcer d'autres.

C'est le cas du chou sauvage, présent sur le littoral des Hauts-de-France. Il suscite l'intérêt scientifique au-delà de la région. Des chercheurs de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) de Rennes en Bretagne travaillent sur son ADN pour améliorer la résistance du colza, cousin du chou. Mais les falaises, où on le trouve reculent d'année en année, réduisant son espace et ses chances de survie. Le chou sauvage est classé parmi les espèces en danger.

La faune aussi est menacée. Un travail réalisé en 2015 et 2016 par l'association Picardie Nature et des spécialistes de la faune sauvage, a permis de lister 164 espèces animales en voie d'extinction à plus ou moins long terme. Selon ce rapport, "on constate que cette menace affecte tout particulièrement certains groupes d’animaux sur notre territoire. 42% des amphibiens et reptiles, 35% des oiseaux, 31% des papillons de jour et 30% des chauves-souris sont menacés par exemple à l’échelle de la Picardie".

Le butor étoilé, un régulateur en voie d'extinction

Symbolique de cette situation, le butor étoilé a pratiquement disparu de la côte picarde. "Le nombre de mâles chanteurs a chuté d'une centaine au début du XXe siècle à moins de cinq aujourd'hui", révèle Sébastien Maillet, responsable de la mission observatoire de la faune à Picardie Nature. En trois décennies, ce héron au plumage brun chaud strié de brun plus foncé a vu son habitat rétrécir. "On le voit de moins en moins dans les terres, où on le trouvait il y a trente ans", confirme Sébastien Maillet.

Le butor étoilé apprécie les roseaux pour faire son nid au printemps. Comme la fougère à crête, il subit l'assèchement des roselières. Les gestionnaires des sites naturels essaient de garder les roselières en eau avec des ouvrages. Cet oiseau "a un rôle de régulateur, il mange les petits poissons et les amphibiens. Il consomme aussi des écrevisses américaines, une espèce envahissante", assure Sébastien Maillet.

De nouvelles espèces envahissantes

Bien sûr, de nouvelles espèces apparaissent aussi. La véronique cymbalaire, une jolie fleur blanche méditerranéenne a été observée il y a deux ans à Bray-Dunes dans le Nord. À Amiens, on peut croiser aux abords des trottoirs, la barlie de Robert. Cette orchidée commune dans le Midi a vraisemblablement été transportée par le vent.

Les Hauts-de-France ont vu également apparaître 22 espèces exotiques envahissantes, à l'image du xénope lisse, qu'on peut trouver à la Chapelle d'Armentières près de Lille depuis 2018. Cette petite grenouille rogne les habitats et la nourriture des espèces locales.

Ces nouvelles plantes et animaux sont souvent plus invasifs et moins intéressants que ceux qui disparaissent.

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