Coronavirus : quatre étudiantes lilloises, rentrées en urgence de Wuhan (Chine), témoignent

Quatre étudiantes de l'Université de Lille, qui étaient en échange à Wuhan (Chine), la ville où le coronavirus a fait son apparition, sont revenues ce samedi en France. Elles se sont confiées à nos confrères de BFMTV à leur sortie de l'aéroport de Roissy.   

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Les quatre étudiantes de l'Université de Lille sont arrivées ce samedi à l'aéroport Charles-de-Gaulle de Roissy, chacune avec un masque sur le visage. "On a été au courant du virus à la fin du mois de décembre quand en France, on n'était pas encore au courant", a expliqué l'une d'entre elles à BFMTV. "On n'a pas alerté nos familles pour ne pas les inquiéter. On a commencé à mettre en place des mesures, type lavage des mains. On portait des masques pour sortir."
 


Les quatre jeunes femmes étaient en échange pour un semestre à Wuhan, la ville où est apparu puis s'est développé le nouveau coronavirus 2019-nCoV qui a contaminé à ce jour 1300 personnes en Chine, dont 41 n'ont pas survécu. "On était en voyage (au moment) où la ville a été mise en quarantaine", raconte l'une d'elles. "On n'était pas à Wuhan à ce moment-là, on était dans la ville de Zhiangiajie (à 500km au sud-ouest de Wuhan NDR)".

Quand elles se sont rendues compte qu'elles ne pourraient pas revenir à Wuhan, où elles logeaient depuis plusieurs mois, elles se sont rendues en train à Canton où elles ont pu prendre un avion. "C'est compliqué puisqu'on a tout laissé, nos ordinateurs portables pour la fac, on n'a plus rien", témoigne une autre de ces étudiantes lilloises. "On espère avoir une solution rapidement pour pouvoir rapatrier nos bagages et les récupérer dès que la quarantaine est levée".
 

Trois cas identifiés en France


Interrogé par La Voix du Nord, François-Olivier Seys, vice-président de l'Université de Lille, en charge des relations internationales, a expliqué que ces quatre étudiantes sont en cinquième année de pharmacie. Elles ont fait l'objet de plusieurs contrôles sanitaires en Chine avant de prendre l'avion. Elles sont désormais auprès de leurs familles et vont faire l'objet d'un suivi mis en place avec le CHU de Lille. "Pendant quinze jours, leur température sera prise quotidiennement. Et nous allons leur demander de ne pas venir à l’université pendant cette période", a déclaré François-Olivier Seys.
 
En France, les autorités sanitaires ont annoncé vendredi soir trois cas confirmés, sur un patient hospitalisé à Bordeaux et deux autres à Paris, soulignant qu'il s'agissait des "premiers cas européens". Ces trois patients ont été hospitalisés en isolement. Tous étaient récemment arrivés  de Chine et avaient séjourné à Wuhan. Tous "vont bien" ont souligné leurs médecins. 
  
Coronavirus : la gravité de l'épidémie dépend de plusieurs inconnues
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► Quel bilan pour l'instant ?

Il se monte samedi à 1300 cas, dont 41 mortels, en Chine, d'où l'épidémie est partie. D'autres pays d'Asie sont touchés et quelques cas ont été détectés en Australie, en France et aux Etats-Unis. Aucun patient n'est mort hors de Chine. "A l'heure actuelle, il est difficile de déterminer le taux de mortalité puisqu'au stade initial de l'épidémie, on détecte seulement les cas sévères plutôt que les cas plus légers, voire asymptomatiques" (sans symptôme), explique dans la revue médicale The Lancet la scientifique chinoise Lili Ren. En d'autres termes, on sait combien de patients sont morts à cause de ce virus, mais pas combien sont réellement infectés au total. Auparavant, seules deux épidémies mortelles ont été causées par un coronavirus : le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) et le Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient). "De façon générale, les patients (touchés par le nouveau virus) sont dans un état moins grave qu'avec le Sras", a déclaré ce samedi le professeur français Yazdan Yazdanpanah.

► Quels symptômes ?

Certains sont similaires à ceux du Sras, selon les travaux de scientifiques chinois publiés vendredi par The Lancet, basés sur les 41 premiers cas repérés en Chine. Tous ces patients avaient une pneumonie, la quasi-totalité avait de la fièvre, les trois-quarts toussaient, plus de la moitié avait des difficultés respiratoires. Mais "il y a d'importantes différences avec le Sras, comme l'absence de symptômes affectant les voies aériennes supérieures (nez qui coule, mal de gorge, éternuements)", analyse l'auteur principal de ces observations, le Pr Bin Cao. L'âge moyen des 41 patients est de 49 ans, 30 d'entre eux sont des hommes et 27 s'étaient rendus au marché de Wuhan, d'où est partie l'épidémie. Enfin, près d'un tiers a présenté une détresse respiratoire aiguë et six sont morts.

► Quelle transmission d'humain à humain ?

C'est une question centrale. Si le risque de transmission d'humain à humain était d'abord jugé "faible", il ne fait aujourd'hui plus de doute. Reste à connaître son intensité. "Le problème, c'est que nous n'avons pas encore assez de données pour déterminer précisément le taux de reproduction de base de cette maladie", souligne le Pr William Keevil (Université de Southampton, Angleterre). Utilisée en épidémiologie, cette unité désigne le nombre moyen de cas provoqués par un seul patient atteint d'une maladie transmissible. "Si ce taux est élevé et que le virus mute à l'avenir vers une forme plus dangereuse, cela deviendrait préoccupant", selon le Pr Keevil. La période d'incubation (entre l'infection et l'apparition de symptômes) est estimée à deux semaines maximum.
 
Quelle origine ?

Les chercheurs estiment que ce nouveau virus provient probablement des chauve-souris, comme celui du Sras, avec lequel il partage 80% de similitudes sur le plan génétique. Mais on ne sait toujours pas quel animal l'a transmis à l'homme. Mercredi, une équipe chinoise a émis l'hypothèse que cela pourrait être le serpent, mais cela a aussitôt été contesté par d'autres experts, qui penchent plutôt pour un mammifère. Identifier cet animal est important, car cela pourrait contribuer à juguler l'épidémie. Dans le cas du Sras, l'animal en cause s'était avéré être la civette, mammifère dont la viande est appréciée en Chine. "C'est en interdisant la consommation des civettes et en fermant les fermes d'élevage qu'on avait pu prévenir toute réintroduction" du virus, rappelle le Pr Arnaud Fontanet, de l'Institut Pasteur à Paris. A l'inverse, l'une des raisons pour lesquelles l'épidémie de Mers se poursuit est le fait que le réservoir du virus est le dromadaire, un animal domestique.

► Comment se protéger ?

Autorités sanitaires et scientifiques mettent en avant l'importance des "mesures-barrières", efficaces pour d'autres maladies virales comme la grippe : se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir dont on se débarrasse ensuite, éviter de se toucher le visage (nez, mains, bouche)... En outre, si un cas est avéré, le patient doit être placé à l'isolement pour éviter la contagion. "Etant donné qu'un grand nombre de malades du Sras et du Mers ont été infectés dans des lieux de soins, il faut prendre des précautions pour éviter que le virus se propage dans les établissements de santé", écrivent des scientifiques internationaux dans un commentaire publié par The Lancet.
 
(AFP)
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