Aurélien Degroote, bouquiniste de 19 ans installé à Herzeele, dans les Flandres, a fait part, mercredi 24 mars, de sa détresse sur Twitter, ne parvenant plus à vendre de livres. Son post a été relayé des dizaines de milliers de fois et les commandes se sont multipliées.
Sa vie a changé après un post Twitter. Son appel à l'aide a touché des dizaine de milliers de personnes, de l'anonyme à Virginie Grimaldi, Tristane Banon ou Valérie Damidot. Aurélien Degroote, bouquiniste de 19 ans à Herzeele, dans les Flandres (Nord), ne s'attendait pas à une telle vague d'amour et de soutien. "C'est génial, je n'en reviens pas !"
Ce mercredi 24 mars, Aurélien, à la tête depuis juillet 2020 d'une micro-entreprise, Thot : livres d'occasion, lance dans l'après-midi un appel à l'aide sur les réseaux sociaux : son chiffre d'affaires et son moral sont au plus bas. "Mes ventes sont en chute libre depuis novembre, j'ai 16€ sur mon compte et je n'ai pas encore payé mes charges. Le CA de février était de 0. J'ai besoin d'aide..." écrit le bouquiniste de 19 ans pour lancer son thread. "Je ne vais pas mentir, c'était du désespoir, commente-t-il le lendemain. Je venais de passer une après-midi entière à mettre 20 à 30 livres en ligne."
"Tout était une catastrophe ! Je me suis dit que je n'avais rien à perdre, que personne le lirait. Je me suis mis à tout expliquer de A à Z, avec mes idées de projet"
Thread
— Aurélien, enchanté bonjour (@daurelieng) March 24, 2021
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Je déteste faire ça mais aujourd'hui je suis obligé. C'est un appel à l'aide. Je suis bouquiniste, mes ventes sont en chute libre depuis novembre, j'ai 16€ sur mon compte et je n'ai pas encore payé mes charges. Le CA de février était de 0.
J'ai besoin d'aide... pic.twitter.com/Wra8WDJV7r
Effet immédiat. Plus de 20 000 retweets en 24 heures dont certains émanant de personnalités, plus de 400 messages privés de soutien ou de demande pour commander certains de ses ouvrages, des commandes sur son site et des dons, bien au-delà de ses espérances. "Je ne m'attendais pas du tout à ça." Il va pouvoir rembourser une partie du crédit qu'il devait à ses parents après l'achat d'un ordinateur à usage professionnel.
Le confinement de novembre l'avait coulé
Après son bac L et une année de licence de psychologie, Aurélien décide, en juillet 2020, après le premier confinement, de lancer son entreprise et de devenir bouquiniste. Il a plus de 10 000 livres en stock, entassés dans une chambre chez ses parents, dans le domicile familial à Herzeele, où il habite. Son activité commençait à se développer, il vendait tous les dimanches des livres d'occasion dans les brocantes et marchés notamment où Esquelbecq, où se tient la célèbre "Nuit des livres" ... Il pouvait vendre jusqu'à 100 ouvrages par mois pour un chiffre d'affaires de 500 € maximum.
Le deuxième confinement est arrivé et son activité a coulé avec l'absence de ventes physiques sur des marchés ou brocantes. "Le second confinement de novembre a été le coup de marteau sur les clous de mon cercueil. L'activité de Noël a été stoppée nette et la clientèle n'est pas revenue début décembre."
S'il s'est lancé dans la vente en ligne, sur le site J'achète en CCHF (Communauté de communes des Hautes-de-Flandres), Aurélien est seul à mener cette tâche. "Etiqueter le livre, le peser, vérifier l'état, faire trois photos par livre, les télécharger..." Sur les plus de 10 000 livres qu'il détient, seuls 100 étaient enregistrés sur le site. Après son tweet, il n'en restait qu'une petite vingtaine.
Aurélien était tellement surpris de l'engouement de son appel à l'aide qu'il n'a pas réussi à s'endormir la nuit qui a suivi. Si la pression est redescendue depuis, il a d'emblée éprouvé "le syndrôme de l'imposteur. Pourquoi moi et pas les autres ? Plein de commerçants et artisans sont dans une détresse effroyable".
Un bâtiment modulaire ou un camion ambulant
Depuis, Aurélien s'est remis au travail. Il en a beaucoup : les commandes affluent. "A l'heure actuelle, c'est le bordel, la panique !" L'envoi des livres commandés a débuté, une mission qui devrait lui prendre quelques jours.
Les dons lui permettent de se projeter. D'ici l'été, il compte se procurer de très nombreux livres. "J'aimerais avoir un stock important de manga, BD, de fantasy... Il y a beaucoup de demande."
Aurélien souhaite également trouver un local pour pouvoir vendre ses ouvrages : soit un bâtiment modulaire qui serait situé dans son jardin, soit un camion de livres ambulant. "Mon avenir est plus clair."