Une enquête du média d'investigation Disclose, publiée mardi 19 décembre, démontre que l'entreprise nordiste a continué à livrer des vêtements à son repreneur russe Desport, en dépit des sanctions européennes liées à la guerre. Decathlon confirme avoir transmis une "quantité déterminée de produits" dans le respect des lois en vigueur.
Des vêtements Decathlon livrés à son repreneur russe par le biais d'un "système opaque" impliquant une "société écran" basée à Dubaï. Voici, en résumé, les révélations publiées dans l'enquête du média Disclose, ce mardi 19 décembre 2023.
Le 29 mars 2022, un mois après le début de la guerre en Ukraine, le groupe nordiste avait annoncé la fin de ses activités en Russie, à l'instar d'autres marques occidentales, et sous la pression internationale qui s'était alors accentuée sur le géant français du sport.
12 millions de dollars de produits livrés
Sauf que Disclose démontrerait dans son enquête que des produits - vestes de jogging Kalenji, vestes de ski Wedze ou encore des pantalons et chaussures Quechua - ont continué d'être acheminés dans les magasins russes détenus par la marque Desport (propriété du groupe ARM), le repreneur de Décathlon.
Toujours selon le média d'investigation, Decathlon (propriété du groupe Mulliez) aurait empoché la somme totale d'au moins 12 millions de dollars (environ 11 millions d'euros) grâce à ces livraisons.
Un système d'acheminement opaque
Grâce à des documents internes et des témoignages recueillis, Disclose dévoile la mise en place d'un "système opaque" instauré par l'enseigne de sport et de loisirs. Concrètement, Décathlon s'appuie sur sa filiale Desipro, domiciliée à Singapour, pour envoyer des cargaisons en provenance du Bangladesh à Dubaï, par avion. À l'arrivée, une entreprise "qui a tout d'une société écran" réceptionne les marchandises et les renvoie vers Moscou.
L'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février 2022, avait déclenché des sanctions sans précédent et un exode de sociétés étrangères. L'exportation d'armes, d'articles de luxe ou de biens pouvant contribuer au renforcement des capacités industrielles russes sont, notamment, fermement interdites par l'Europe. Les articles de sport ne sont pas concernés par ces mesures, selon l'AFP.
Le groupe Mulliez, propriétaire de Decathlon, est l'un des rares groupes français à avoir maintenu ses activités en Russie. Il y a notamment conservé Auchan, qui y réalise plus de 10% de ses ventes. Quelques semaines après le début de la guerre, Decathlon avait pourtant annoncé qu'il suspendait les activités commerciales de ses magasins et de son site internet en Russie.
Décathlon confirme l'envoi de produits dans le respect des "règles"
Plus d'un an après, à l'été 2023, le distributeur avait finalement reçu l'aval des autorités locales pour revendre 36 magasins à une société russe, ARM.
Contactée par nos soins, ce mardi 19 décembre, la direction de Decathlon confirme avoir livré des produits à son repreneur russe dans le cadre de son contrat avec celui-ci. "Afin de finaliser la transaction (avec ARM, son repreneur NDLR), il a été conclu - conformément aux réglementations locales et internationales en vigueur – de procéder pour une durée limitée, à la fourniture d’une quantité déterminée de produits pour accompagner le repreneur et le lancement de son activité en préservant ainsi les emplois des ex-équipiers", déclare la direction.
Et d'ajouter : "Decathlon réaffirme se conformer à toutes les réglementations locales et internationales en vigueur."
Avec AFP