Finie, la polémique du début d’année. Le Parlement a finalement adopté à l’unanimité ce mardi, la proposition de loi du député nordiste UDI-Agir, Guy Bricourt. Elle prévoit de porter le congé pour deuil d’enfants à 15 jours ouvrés, contre 5 jusqu’ici.
C’est sous les applaudissements et à l’unanimité que le texte a été adopté à main levée mardi soir. Guy Bricout, député de la 18ème circonscription du Nord, à l'origine de la proposition de loi, se félicite : “Il y a eu beaucoup d’humanité chez les députés. Pour une fois, la politique est passée au second plan, dépassée par le coeur. Beaucoup ont cité des situations personnelles dans l’hémicycle.” En effet, certains ont raconté leur propre drame, comme Michèle Peyron (LREM) qui a perdu "son premier enfant" à l'âge de 26 ans, sans “aucun soutien ni suivi”.
Si le texte a été appuyé par l’ensemble des groupes hier soir, il avait été rejeté une première fois à l’Assemblée nationale, par les députés LREM et le gouvernement. L’indignation de l’opposition et d'une partie de la population avait poussé Emmanuel Macron à intervenir, demandant au gouvernement de “faire preuve d’humanité”. Celui-ci avait reconnu une “erreur” et les élus LREM avaient surenchéri, proposant de porter le congé pour deuil d'enfant à quinze jours ouvrés.
Allongement du congé et nouvelle aide financière
Cette loi porte ainsi de cinq à sept jours le congé actuellement prévu par le Code du travail, et crée un "congé de deuil" de huit jours supplémentaires fractionnable, pris en charge en partie par la Sécurité sociale et plus seulement par l’employeur. Ce congé est étendu aux travailleurs indépendants et aux agents publics. Une allocation forfaitaire sera également versée aux familles en cas de décès d'un enfant à charge, dont le montant sera fixé par décret. Et pour éviter un effet couperet, l’enfant décédé continuera à être pris en compte pendant un temps dans le calcul de certaines prestations familiales.
Nous avons perdu notre fille un mardi. Revenir au travail le lundi était psychologiquement impossible.
“C’est un soulagement”, pour Pascaline Meyer, présidente de l'association Le sourire de Lucie et membre de “Grandir sans cancer”. Cette maman cambrésienne a perdu sa fille de 14 ans d’un cancer en 2015. “Notre fille est décédée un mardi. Revenir au travail le lundi, c’était psychologiquement impossible.”
“Un tsunami qui ravage une famille”, difficile à surmonter en cinq jours. “Les premiers jours d’une nouvelle vie à apprivoiser sans notre enfant, c’est douloureux. On était livrés à nous-mêmes, sans prise en charge psychologique, sans compter la paperasse administrative et le coût financier important”, témoigne Pascaline Meyer. Le couple a dû prendre un arrêt maladie. “On avait besoin de quelques jours de plus pour soulager ce choc violent. Mais ce n’est pas normal, ni légal, on n’était pas malade”, regrette-t-elle.
Une loi aux origines nordistes
Cette victoire a un sens, aujourd’hui, pour la présidente de l’association cambrésienne : “Je suis fière que cette belle avancée sociale soit gravée dans le marbre du département du Nord”. C’est elle qui a inspiré Guy Bricout et apporté sa collaboration jusqu’à l’adoption du texte, mardi soir. Le député et ancien maire de Caudry en avait les larmes aux yeux : “j’ai moi-même connu un drame familial et ça faisait chaud au coeur, hier, de se sentir soutenu par l’ensemble des députés”.
Selon les données de l’Insee, 5 932 enfants et jeunes de moins de 24 ans sont morts en France en 2016.