Départementales 2021 : RSA, pompiers en colère, budget, composition politique et enjeux : 5 choses à savoir sur le Nord

Historiquement de gauche, le conseil départemental du Nord est dirigé par la droite depuis 2015 et présidé par Jean-René Lecerf (LR) qui ne se représente pas. Les 20 et 27 juin prochains, 82 élus représentant les 41 cantons seront élus pour les six prochaines années.

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Les dimanches 20 et 27 juin prochain, les électeurs du département le plus peuplé de France vont se rendre aux urnes pour élire leurs conseillers départementaux. Le Nord compte 82 élus, répartis dans 41 cantons.  

Historiquement acquis à la gauche, le département a basculé entre les mains de la droite aux dernières élections de 2015. Avec onze cantons d’avance, le groupe Union pour le Nord rassemblant les Républicains et l’UDI part favori malgré quelques querelles internes et un soutien plus ou moins affiché de LREM.

Mais la gauche – plus ou moins unie dès le premier tour selon les cantons – espère créer la surprise, tandis que le Rassemblement national compte bien faire son entrée dans l’hémicycle départemental, le seul des Hauts-de-France à lui résister pour le moment.  

1 - Un budget colossal de plus de 3 milliards d’euros

Arrivé à la tête du conseil départemental en 2015, Jean-René Lecerf a mis en place la rigueur budgétaire alors que les comptes de la collectivité étaient dans un état préoccupant. La cour régionale des comptes publiait en 2016 un rapport dans ce sens, précisant qu’une "dégradation continue et rapide de la situation financière" avait été observée entre 2010 et 2015.

L’objectif, faire des économies. D’autant plus que le budget du département est colossal : plus de 3 milliards d’euros en 2021. Un budget réparti entre les multiples compétences de la collectivité : protection des plus fragiles, collèges, pompiers, routes départementales (plus de 4 000 kilomètres dans le Nord), culture, parcs…

Pour mieux saisir les différents enjeux de ces élections, vous pouvez suivre le débat sur les élections départementales 2021 dans le Nord ce lundi 14 juin à partir de 23 heures sur France 3 Nord Pas-de-Calais.

2 - Baisse du nombre d’allocataires du RSA

On dénombrait 116 000 allocataires du RSA dans le Nord en 2015. Ils sont 100 947 en juin 2021. "Cela montre que notre stratégie a fonctionné", s’enthousiasmait il y a quelques jours Doriane Bécue, vice-présidente en charge de l’insertion et du retour à l’emploi, maire de Tourcoing et candidate à sa réélection en binôme avec un certain Gérald Darmanin sur le canton de Tourcoing 2.

Une stratégie d’accompagnement basée sur le renforcement des contrôles et le conditionnement du versement de l’allocation à l’inscription chez Pôle Emploi pour contrôler un budget colossal estimé à 700 millions d’euros chaque année.  Fin 2017, le président du département annonçait que sur les 45 000 allocataires du RSA qui n’étaient pas inscrit à Pôle emploi, quasiment 20 000 avaient vu leurs allocations amputées tandis qu’elles avaient été suspendues pour plus de 2 000 d’entre eux. Jean-René Lecerf était même allé jusqu’à vouloir sanctionner les bénéficiaires qui refusaient trois offres d’emploi.

Des sanctions jugées "abusives" par les candidats de gauche – écologistes, communistes, France insoumise – qui affirment qu’une autre politique basée sur la confiance et la bienveillance est possible. "Cet accompagnement, c’est prendre des gens qui sont déjà dans la misère, leur mettre une pression énorme au point que certains se sentent stigmatisés et ne font plus de démarches pour obtenir le RSA", dénonce Katy Vuylkester, candidate écologiste sur le canton de Tourcoing 2. "Est-ce que vous êtes distributeur automatique de billets ?" a rétorqué Christian Poiret, candidat de la droite dans le canton de Douai.

3 - Colère des pompiers

Autre sujet qui a marqué la précédente mandature et n’est toujours pas réglé : la colère des pompiers. Le SDIS – service départemental d’incendie et de secours – du Nord est sous tension depuis 2015. À l’époque, Jean-René Lecerf est à la recherche de la moindre économie possible et décide couper les budgets partout, y compris dans les rangs des soldats du feu, déclarant au passage qu’ils étaient "dirigés par une armée mexicaine". Quelques jours plus tard, 900 pompiers défilaient dans les rues, sombrero sur la tête et musique mexicaine diffusés depuis les enceintes, pour défendre la réduction des moyens annoncée.

À l’été 2019, les pompiers entamaient une grève pour réclamer d’avantage d’effectifs et peignaient en lettre blanche les mots SOS sur leurs camions, seul moyen selon eux de montrer leur mal-être au public afin de ne pas perturber les opérations de sauvetage. En 2020, la grève reprenait du service, pour les mêmes raisons. Après une pause, la grève a de nouveau été votée fin mai-2021, mettant notamment en avant le manque d’anticipation des recrutements.

Dans le plus grand centre d’incendie et de secours de France où travaillent 2 146 pompiers, ce dossier occupera une grande partie du travail de l’exécutif départemental.

4 - Jean-René Lecerf, président sortant, prend sa retraite

Jean-René Lecerf, président Les Républicains depuis 2015, a annoncé ne pas se représenter en 2021. L’actuel président de l’agglomération de Douai Christian Poiret a été désigné parmi quatre candidats pour prendre la tête de cette large formation de droite et tenter d’arracher de nouveau la victoire en 2021.

L’actuel premier vice-président du département a d’ores et déjà détaillé son projet articulé autour de quatre priorités si la droite l’emporte lors des prochaines élections : protection des Nordistes, environnement, emploi et investissement dans les communes. Et fait notable : il ne quittera pas son mandat de président de Douaisis Agglo s'il devient président du département. "Je pourrai gérer les deux sans soucis", a-t-il déclaré à la Voix du Nord en octobre dernier. Encore faut-il qu’il soit élu dans le canton de Douai où il se présente.

5 - Les forces en présence pour le scrutin des 20 et 27 juin 2021

Lors des précédentes élections départementales de mars 2015, l’union de la droite avait réussi à obtenir une large majorité des 82 sièges avec 52 élus, lorsque la gauche – parti socialiste et parti communiste – décrochait trente sièges. Le Front National de l’époque – devenu par la suite Rassemblement National – avait failli rafler le canton d’Anzin à une centaine de voix près et le canton de Dunkerque 1 à 300 voix.

L’objectif numéro un du RN est donc d’entrer au conseil départemental du Nord, le seul qui lui résiste pour l’heure dans les Hauts-de-France.  Mais le couplage le même jour des élections régionales – plus politiques – et départementales devrait favoriser le vote RN. D’autres formations politiques comme les écologistes et la France insoumise espèrent également faire élire leurs candidats et bousculer l’équilibre en place.

Pour ce scrutin des 20 et 27 juin prochains, 195 candidats se sont déclarés. 12% des candidats sont âgés de 18 à 30 ans, 66 % de 30 à 60 ans et 22% de plus de 60 ans.

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