Des faits d'exhibitionnisme et d'agressions sexuelles près d'un campus à Lille mobilisent des étudiantes, l'école et les forces de l'ordre

Plusieurs cas d'agressions sexuelles et d'exhibitionnisme ont été relevés près du Jardin des plantes à Lille, sur le chemin du campus Eductive. La police de Lille s'est emparée du dossier. En parallèle, deux étudiantes ont lancé une pétition pour les faire cesser. Elle a déjà récolté plus de 10 000 signatures.

Une pétition pour dire "stop" aux agressions sexuelles et à l'exhibitionnisme a dépassé les 10 000 signatures en l'espace de quelques jours. En effet, depuis quelques temps, de pareils faits se multiplient sur le chemin du campus Eductive, près du Jardin des plantes, aux abords de la passerelle qui surplombe le périphérique sud de Lille. 

Et il semble bien que le dernier cas d'exhibitionnisme en date, rapporté par deux étudiantes, a été l'événement de trop. 

"Un homme se masturbait adossé contre la balustrade"

Vendredi 21 octobre au matin, Claire Delacroix sort de la station de métro Porte de Douai et rejoint une amie pour faire le chemin vers le campus. Elles s'avancent vers la passerelle et c'est là qu'elles assistent à une scène "un peu... dérangeante", décrit l'étudiante en hésitant quelques instants. Face à elles, Claire décrit un homme qui se masturbe, adossé contre une balustrade. Son amie ne voit rien sur le moment. "J'ai décidé de prendre les marches, pensant qu'elle allait me suivre mais elle ne l'a pas fait et elle est passée devant lui". L'amie en question, qui souhaite rester anonyme, se rend alors compte de ce qui est en train de se passer. 

Claire dit voir dans le regard de cet homme "quelque chose de pervers et de malsain" qui l'a mise "mal à l'aise". Elle rejoint son amie, l'attrape par le bras et les deux étudiantes se mettent à courir. "J'ai eu un instant de lucidité où je me suis dit que j'allais peut-être me retourner pour filmer, mais au moment où j'ai sorti mon téléphone, ce monsieur m'a vu, raconte-t-elle. Il nous suivait tout du long du regard, il s'est retourné et a couru sur la passerelle." 

On a été mis en garde en début d’année sur des faits d’exhibitionnisme mais, bien honnêtement, je me suis dit que ça n’arrive qu’aux autres. Donc je ne me suis jamais mis à la place d’une victime, je n’ai jamais pu imaginer une seule seconde qu'il puisse arriver ça à 9 heures du matin en allant à l’école, c’est insensé.

Claire Delacroix

Maëlle Daumand, récupère ses deux amies à l'école dans un mauvais état. "Elles étaient complètement traumatisées, complètement éteintes, alors que c'est des personnes qui sont très joviales, souriantes et drôles", note-t-elle. Démunie face à la situation, elle réfléchit à ce qu'elle peut faire. Avec leur accord, elle décide de lancer une pétition pour permettre aux étudiants de "venir étudier à l'école de manière sereine" sans devoir se préoccuper sans cesse de leur sécurité. "Le but, c'est vraiment de venir renforcer la sécurité autour du lieu de l'agression, c'est à quelques petites centaines de mètres de l'école et de l'école maternelle, c'est aussi dangereux pour les riverains". 

Un phénomène récurrent 

Claire Delacroix et Maëlle Dumand attendent plusieurs choses des autorités. D'abord, un renforcement de la vigilance policière qui a déjà commencé grâce à la Mairie de Lille, "on voit les patrouilles qui passent de plus en plus souvent". Ensuite, la mise en place d'une caméra de vidéosurveillance dissuasive. Enfin, de la sensibilisation et de la prévention, pas seulement dans le campus mais aussi pour tous les établissements car pour elles, il faut "que ça s'étende de manière beaucoup plus large, pour tout le monde". Clémence Houel, chargée de communication de l'école attend, de son côté, "de prendre conscience des faits", ne pas "minimiser ce qui s'est passé" et de mettre en place "de vraies actions". Car elle souligne que ce n'est pas une première. 

Dès le début j’ai été alertée par ce qui s’est passé. La direction a tout de suite pris en charge les étudiants, les responsables pédagogiques et toute l’équipe administrative aussi. On a soutenu les étudiants dans toutes les démarches qu’ils allaient entreprendre.

Clémence Houel, chargée de communication du Campus Eductive de Lille

Jusqu'à maintenant, "il y a quatre plaintes et une plainte déposée sous le même nom par sept étudiantes". Depuis cet été, "je dirais même fin août, des étudiantes sont venues passer leurs oraux de fin d'année, et malheureusement, elles sont arrivées en pleurs sur le campus" à cause d'une histoire similaire. L'une d'elles rapporte même avoir été agrippée par le bras. "On a eu aussi un cas en septembre et la semaine dernière, donc ce n'est pas un cas isolé, ça s'est déjà produit plusieurs fois cette année et les années auparavant". 

Avant d'y travailler comme chargée de communication, Clémence Houel était étudiante au sein du campus Eductive de Lille. "C'était un passage où je n'étais pas rassurée en tant qu'étudiante la nuit, l'hiver encore plus et j'ai déjà entendu parler de ces faits-là il y a quelques années". Néanmoins, "on n'était pas dans une société où on entendait parler de toutes ces agressions sexuelles, analyse-t-elle. Aujourd'hui, le fait de voir qu'il y avait d'autres étudiantes qui se sont exprimées a permis de libérer la parole, elles voient qu'elles ne sont pas seules dans ce cas-là". 

Une analyse partagée par Maëlle Daumand. Depuis quelques jours, elle reçoit "des dizaines et des dizaines de messages" de personnes qui ont été victimes d'agressions sexuelles ou d'exhibitionnisme qui lui disent "c'est vrai que j'ai minimisé la situation", "j'ai fait un déni" ou encore "je ne m'étais pas rendue compte que c'était grave". Des témoignages qui lui ont fait prendre conscience que ce phénomène touche beaucoup plus de personnes qu'on peut le croire. Mais une chose est sûre : la parole se libère désormais. 

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